Donald Trump nous prépare-t-il une nouvelle crise financière ?

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Le nouveau président veut libérer les banques américaines du carcan réglementaire mis en place sous l’ère Obama en réponse à la crise financière de 2008.

Après, pêle-mêle, ses décisions sur le Mexique, l’Obamacare et l’immigration, le nouveau président américain s’attaque maintenant au secteur financier. Comme promis durant sa campagne, Donal Trump vient d’ordonner via plusieurs décrets (executive orders) le démantèlement des réformes clés en matière de réglementation financière mises en place par son prédécesseur Barack Obama dans le sillage de la crise des subprimes de 2008.

Dans sa ligne de mire : la loi Dodd-Frank (du nom de Chris Dodd et Barney Frank, deux élus démocrates), la règle Volcker (du nom de Paul Volcker, un ancien président de la Fed) et la Fiduciary Duty Rule. Trois mesures qui encadrent davantage les fonds propres des banques et limitent leurs excès sur les marchés mais qui, selon le nouveau locataire de la Maison-Blanche, vont trop loin. En clair, situe le professeur à l’IESEG de Lille Eric Dor, ” Donald Trump s’attaque simultanément aux initiatives prises un peu partout dans le monde pour rendre d’une part les banques plus résistantes à une crise financière et d’autre part plus soucieuses en matière de conflits d’intérêts “, notamment dans leurs pratiques commerciales vis-à-vis du consommateur.

Effet contagion

Défendue par Gary Cohn, l’ancien numéro deux de la grande banque d’affaires américaine Goldman Sachs engagé depuis par Donald Trump comme principal conseiller économique, cette offensive risque-t-elle de provoquer de nouvelles crises économiques et financières dans les années à venir ? En voulant ainsi libérer les banques américaines de leurs chaînes réglementaires, Donald Trump est-il – autrement dit – en train de semer les graines d’une nouvelle catastrophe bancaire ? ” Il est en tout cas très inquiétant de voir ainsi potentiellement détricotées toute une série de réglementations jugées indispensables un peu partout dans le monde depuis la crise de 2008, regrette Eric Dor, craignant un effet de contagion. Les banques européennes vont en effet être mises en concurrence par des banques américaines rendues plus agressives et favorisées par une réglementation moins dure. Les grandes banques universelles françaises et allemandes risquent dès lors pour rester compétitives de réclamer un allègement similaire de leur cadre réglementaire. Avec consternation, nous pourrions alors assister au démantèlement de règles péniblement acquises pour éviter une nouvelle crise financière. ”

Tout ceci alors que, 10 ans après avoir déclenché la plus grave crise financière depuis le krach de 1929, la finance américaine est aujourd’hui paradoxalement plus forte que jamais. Dopés par l’élection du milliardaire new-yorkais et de solides profits opérationnels, les cours boursiers de certains géants comme Goldman Sachs ou JP Morgan n’en finissent plus de grimper à Wall Street. Dix ans après le début de cette terrible crise des subprimes, le secteur financier européen n’a lui, hélas, toujours pas fini de panser ses plaies.

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