La Fed relève ses taux de 0,25%

Janet Yellen, présidente de la Fed. © AFP

La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a donné mercredi un nouveau tour de vis monétaire en relevant ses taux d’intérêt face à la bonne santé de l’économie américaine tout en ouvrant la voie à une prochaine réduction de son bilan.

A l’issue d’une réunion de deux jours à Washington, son comité de politique monétaire (FOMC) a augmenté d’un quart de point la fourchette du taux interbancaire au jour le jour, qui évoluera désormais entre 1% et 1,25%.

Conformément aux attentes des analystes, la Fed relève donc le coût du crédit aux Etats-Unis pour la quatrième fois depuis l’éclatement de la crise financière de 2008, qui l’avait contrainte à mettre en place une politique sans précédent de taux zéro pour stimuler la reprise.

Trois de ces hausses sont survenues depuis l’élection en novembre de Donald Trump, qui a promis de doper la croissance américaine mais dont l’agenda économique, encore flou, pâtit du climat politique tendu à Washington.

Dans son communiqué, le FOMC justifie sa décision en se félicitant que les créations d’emplois aient été “solides” depuis le début de l’année, malgré un récent tassement. Le taux de chômage aux Etats-Unis est tombé en mai à son plus bas niveau en 16 ans (4,3%) en dépit de créations d’emplois décevantes ce mois-ci.

La Fed note également que les dépenses des ménages, traditionnel moteur de la croissance américaine, ont “accéléré” et que l’investissement des entreprises, point noir de ces récentes années, semble “continuer de se développer”.

“L’activité économique a progressé modérément jusque-là cette année”, résume la Fed.

La banque centrale a d’ailleurs revu à la hausse mercredi sa prévision de croissance économique cette année, à 2,2% contre 2,1% attendu jusqu’à présent, semblant ainsi indifférente à de récents indicateurs décevants.

Sur le long terme, la Banque centrale reste toutefois très mesurée en prédisant une décélération à 1,8%, loin des 3% annuels promis par l’administration Trump.

Prudence

La Fed a également annoncé mercredi qu’elle pourrait entamer “cette année” une réduction de son vaste bilan en commençant à cesser de réinvestir dans les obligations et bons du Trésor qui arrivent à maturité et qu’elle a acquis depuis la crise financière pour faire baisser les taux à long terme et fluidifier le crédit. Ce processus pourrait commencer “relativement rapidement”, a précisé Mme Yellen lors d’une conférence de presse.

La banque centrale américaine a accumulé un bilan de 4.500 milliards de dollars en bons du Trésor et titres appuyés sur des créances immobilières.

Signe de prudence, elle ne se lancera toutefois dans cette opération risquée et synonyme de resserrement monétaire supplémentaire qu’à la condition que “l’économie évolue globalement comme prévu”, assure son communiqué.

La Fed se dit prête à interrompre ce processus de désinvestissement s’il y avait “détérioration matérielle des perspectives économiques qui exigerait une baisse sensible des taux d’intérêt”.

Apparemment moins préoccupée par la conjoncture internationale, la Fed semble en revanche inquiète d’un nouveau ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis et a ainsi promis mercredi d’en suivre l’évolution “de près”.

Conformément à sa mission, la banque centrale cherche à atteindre une stabilisation de la hausse des prix à la consommation à 2% par un an, un objectif qui semblait à sa portée récemment après avoir été contrarié par la chute des prix mondiaux de l’électricité.

Dans son communiqué, le FOMC reconnaît toutefois que cet objectif ne sera pas atteint “dans le court terme” et revoit nettement à la baisse sa prévision d’inflation cette année, à 1,6% contre 1,9% prévu il y a trois mois.

Les chiffres publiés mercredi lui ont donné raison: les prix à la consommation (CPI) ont reculé en mai pour la deuxième fois en trois mois.

Sous pression de certains élus du Congrès qui veulent réduire son indépendance, la Fed n’est par ailleurs pas parvenue à afficher un front uni mercredi: un des neuf dirigeants du FOMC, Neel Kashkari, a voté contre la décision de relever les taux.

Interrogée sur la volonté de l’administration Trump d’alléger la régulation bancaire, la présidente de la Fed s’est montrée plutôt conciliante. “Nous croyons fortement à l’importance d’adapter notre régulation à la taille et à la complexité des institutions”, a-t-elle déclaré.

Mme Yellen, 70 ans, qui a été critiquée par Donald Trump pendant la campagne et dont le mandat arrive à échéance en février, a redit qu’elle comptait terminer son mandat mais s’est refusée à indiquer si elle était candidate à sa propre succession.

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