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“Les marchés financiers sont pour l’instant trop calmes, mais méfions-nous des eaux dormantes”

Alors que sur le plan économique, la situation est loin d’être mauvaise, il faut avouer que dans le même temps, les incertitudes restent très nombreuses. La Première ministre britannique Theresa May vient d’en faire l’amère expérience : faire des paris politiques dans le contexte actuel s’avère très peu payant.

Mais il faudrait aussi citer, dans la longue liste des risques, l’incertitude sur la politique économique qui sera suivie aux Etats-Unis, la hausse vertigineuse du crédit en Chine ou encore quelques fragilités dans l’endettement du secteur privé aux Etats-Unis.

Historiquement, les périodes d’incertitude économique vont de pair avec une plus grande nervosité des marchés financiers. Ce n’est pas une surprise : les marchés financiers ne sont que le reflet des anticipations que font les investisseurs sur le plan économique. Dès lors, si les incertitudes sont nombreuses comme c’est le cas actuellement, la probabilité que les avis des acteurs de marché divergent est plus grande, ce qui se traduit par plus de volatilité.

A la lumière de ce raisonnement, la période actuelle est intéressante. Si personne ne remet en cause les risques entourant le scénario économique, les marchés sont étonnamment calmes, et même bien trop calmes. Les indices de volatilité des marchés sont au plus bas et rien ne semble pouvoir les perturber. Que les indicateurs ou les événements soient en ligne ou non avec ce qui était prévu, rien ne se passe.

Sans être devin, on peut se douter qu’une telle situation ne va pas durer, ce qui ne veut pas nécessairement dire que l’on est face à un crash imminent, mais probablement, dans un avenir pas si lointain, face à des marchés plus nerveux et des fluctuations journalières plus fortes.

L’expérience montre que les risques auxquels tout le monde pense sont rarement les plus dangereux.

Quelle étincelle ?

La question est donc de savoir quel événement fera revenir la volatilité dans le marché. On a souvent évoqué le comportement des banques centrales pour expliquer son faible niveau. Face aux différentes crises, les principales banques centrales de la planète ont en effet adopté des comportements très accommodants tout en annonçant que ces comportements s’inscrivaient dans la durée. Assurés d’un contexte de taux très faible pour longtemps et d’achats massifs d’actifs sur les marchés financiers, les investisseurs pouvaient alors opérer avec la quasi-certitude d’un afflux direct ou indirect de liquidités dans les marchés en provenance des banques centrales qui par ailleurs étaient des sortes d’acheteurs de dernier ressort. En d’autres termes, la stratégie des banques centrales offrait un environnement financier très clair. Or, les choses sont en train de changer : la Réserve fédérale américaine (Fed) en a terminé depuis longtemps avec son programme d’assouplissement quantitatif et a commencé la lente normalisation de ses taux. Elle devrait par ailleurs commencer à réduire petit à petit la taille de son bilan, probablement à partir de 2018. La Banque centrale européenne (BCE) réfléchit également à ralentir ses achats d’actifs, voire à terminer son programme au milieu de l’année prochaine. Si la reprise économique persiste, il sera alors temps de penser à remonter ses taux. Par conséquent, l’environnement confortable dans lequel naviguaient les investisseurs deviendra plus…volatile.

Un élément a priori anodin

Mais au-delà de la moindre stabilité offerte par les politiques monétaires, le retour de la volatilité sera probablement induit par un événement bien précis. Si l’on en croit les enquêtes auprès des investisseurs, ils sont particulièrement préoccupés actuellement par l’évolution des conditions du crédit en Chine, par de possibles guerres commerciales ou encore par l’absence de réalisation des promesses de Donald Trump sur le plan fiscal. L’expérience montre cependant que les risques auxquels tout le monde pense sont rarement les plus dangereux. Le déclencheur pourrait être un élément a priori anodin. On se rappelle par exemple que les maladies de jeunesse des marchés boursiers chinois avaient provoqué en 2015 une période de plus forte volatilité sur la planète financière. Quelques semaines auparavant, personne n’évoquait ce type de risque… En clair, on sait que la volatilité va revenir, mais il est impossible de savoir précisément à quelle occasion. La seule chose possible est donc de s’y préparer.

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