AG Insurance, cet assureur qui ne doit pas se serrer la ceinture

Hans de Cuyper, CEO d'AG Insurance: "Nous sommes une entreprise stable et résistante, disposant de sources de revenus bien diversifiées et dont les coûts sont bien maîtrisés." © BELGA IMAGE

A la tête du principal assureur du pays, Hans De Cuyper explique comment AG Insurance fait pour tirer son épingle du jeu dans un environnement marqué par des taux bas et le raz-de-marée numérique.

Tous les assureurs ne sont décidément pas logés à la même enseigne par les temps qui courent. Alors que certains comme P&V ou Axa Belgium doivent se serrer la ceinture et tailler dans leurs effectifs, d’autres comme AG Insurance, se portent plutôt bien. Malgré la facture des attentats terroristes de Bruxelles, les graves inondations et la faiblesse persistante des taux d’intérêt, la filiale belge d’Ageas (à 75 %) a réussi l’an dernier a enregistrer une légère augmentation de son résultat net : 521 millions d’euros, contre 512 millions en 2015 (+ 2 %).Un résultat qualifié d'”excellent” par son CEO Hans De Cuyper, et qui témoigne selon lui des forces d’AG Insurance. ” Nous sommes une entreprise stable et résistante, disposant de sources de revenus bien diversifiées et dont les coûts sont bien maîtrisés. ”

Encaissement en hausse

Du côté des revenus précisément, l’assureur a vu son encaissement total franchir la barre des 6 milliards d’euros. Pour être plus précis, le montant total des primes encaissées s’élevait fin 2016 à 6,1 milliards d’euros, contre 5,7 milliards fin décembre 2015. Si l’encaissement dans l’assurance non-vie (assurance auto, assurance habitation, etc.) est resté stable à 1,9 milliard d’euros, celui de l’assurance-vie a par contre enregistré une belle progression de 10 % pour s’établir à 4,2 milliards d’euros. Merci la concurrence ! En effet, divers acteurs comme Ethias se sont partiellement ou totalement retirés du marché des produits à taux garantis de la branche 21. Avec du coup pour AG une progression de 4 % de sa part de marché sur ce segment de l’assurance-vie, soit au total une part du gâteau qui tutoie désormais les 29 %, de sorte que l’ensemble des actifs que gère AG Insurance pour ses clients en assurance-vie dépasse aujourd’hui les 55 milliards d’euros. Bref, ” malgré la taxe de 2 % sur les primes versées en assurance-vie, dont nous demandons d’ailleurs la suppression, nous allons continuer à investir dans ces deux activités vie et non-vie, qui chez nous sont bien positionnées et rentables “, résume Hans De Cuyper.

Coûts sous contrôle

AG Insurance, cet assureur qui ne doit pas se serrer la ceinture
© TT

De fait, si l’entreprise a su habilement tirer son épingle du jeu face à la concurrence en matière de revenus, elle a également réussi à bien maîtriser ses coûts. Pour son activité non-vie, le ratio combiné reste stable autour de 96 % (rapport entre les coûts et les primes encaissées). Explication ? Tout comme elle avait été parmi les premières à prendre les devants voici quelques années pour abaisser le rendement minimal sur ces nouveaux contrats d’assurance-vie, AG Insurance a par exemple modifié l’an dernier les conditions de ses nouveaux contrats qui assurent un revenu garanti en cas d’invalidité. Pour faire face à l’explosion des absences au travail liées au stress (burn-out, dépression), l’assureur offre désormais deux possibilités. Soit il continue comme par le passé d’assurer un revenu sans limite dans le temps, mais alors, l’entreprise cliente doit verser une prime plus élevée. Soit la prime reste stable, mais l’indemnisation ne court alors que sur deux ans, avec un trajet d’accompagnement visant à réintégrer la personne en difficulté. Traduction de tout cela : malgré l’impact négatif des attentats (40 millions d’euros), le bénéfice net de l’assurance dommages est restée stable en 2016 à 137 millions, pour 384 millions en assurance-vie.

Un portefeuille sain

En fait de rentabilité, les efforts déployés au cours des dernières années pour consolider le rendement structurel du portefeuille de la compagnie dans un contexte de taux bas ne sont pas non plus étrangers à ces chiffres positifs. En clair, ce portefeuille d’actifs financiers, dans lequel un assureur investit les primes versées par les clients pour les faire fructifier, est en mesure chez AG de répondre aux promesses faites aux assurés. Et cela donc, malgré les faibles rendements obtenus pour le moment sur les marchés. L’astuce ? L’assureur a particulièrement bien réagi face à la baisse des taux d’intérêt, grâce notamment à certains investissements financiers sophistiqués, plus généreux sur le plan du rendement que les emprunts d’Etat (OLO belges, par exemple). Résultat : ” Toutes les promesses de rendement sont aujourd’hui couvertes “, indique Hans De Cuyper, qui ajoute que la grosse filiale immobilière AG Real Estate (Interparking, etc.) soutient également de manière importante la gestion financière de ce portefeuille et donc aussi son rendement.

Transition numérique

Au rayon numérique, l’assureur qui distribue ses produits via BNP Paribas Fortis ou via des courtiers n’échappe bien sûr pas à la transformation numérique. ” C’est un énorme défi pour tous les assureurs, y compris pour nous, dit Hans De Cuyper, également président d’Assuralia. Certes, le secteur s’est déjà fortement automatisé. Le papier a quasiment disparu dans l’échange d’informations entre les courtiers et les compagnies d’assurances. Mais le phénomène s’accélère, notamment sur le terrain de la relation avec le client. ” Raison pour laquelle AG opte pour des solutions qui permettent justement de développer le contact avec les clients. Alors qu’un client bancaire se connecte presque tous les jours sur son application mobile, il est en effet rare qu’un assuré en fasse autant. Voilà pourquoi ” nous croyons plutôt à la création d’écosystèmes numériques qui créent un engagement continu entre le client et la compagnie “, poursuit le CEO, en pensant à Yongo, une plateforme (site Internet, appli, réseaux sociaux, etc.) qui propose aux jeunes d’épargner via des produits d’assurances, mais aussi à leurs proches de le faire pour eux (grands-parents, parrain, marraine, tante, oncle, amis, etc.).

Outre cette amélioration qualitative de l’expérience client, le patron d’AG Insurance voit bien évidemment le numérique comme un moyen de renforcer l’efficacité opérationnelle (réduction des coûts de fonctionnement, optimisation des processus internes) : ” Nous avons par exemple lancé en janvier l’expertise à distance, notamment pour les sinistres simples en assurance incendie, avec un devis sur les dégâts au départ d’une vidéo conférence avec un iPad ou un smartphone et une proposition immédiate de remboursement. Par ailleurs, la robotisation va supprimer un certain nombre de tâches administratives et répétitives, c’est clair. Nous devons donc accompagner ce changement et transformer le travail de certains de nos collaborateurs. Mais si nous nous préparons bien à ce transfert de fonctions, nous ne devons pas nous attendre à une forte diminution de l’emploi chez AG “, rassure néanmoins le CEO.

Grosse fête

Enfin, Hans De Cuyper se montre également confiant quant à l’avenir de la relation de la maison avec ses 4.000 courtiers, canal de distribution important pour AG Insurance, qui représente 75 % de la production de son activité non-vie, et que l’assureur a invité voici quelques jours a une grosse fête au palais 5 du Heysel. Selon Hans De Cuyper, le métier de courtier ne devrait pas disparaître sous l’effet du numérique.” Ils se sont déjà bien digitalisés ces dernières années “, estime-t-il. Quant à la relation exclusive de l’assureur avec BNP Paribas Fortis (la banque détient 25 % d’AG Insurance), elle ne semble pas non plus remise en cause, n’en déplaise à certaines mauvaises langues. ” Nous sommes très contents de la collaboration. Le contrat court jusque 2020 au minimum. Aucune négociation n’est en cours “, assure Hans De Cuyper, satisfait de ne pas devoir mettre son entreprise au régime.

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