L’Etat français reprend 35 milliards de dette de la SNCF

© REUTERS

Le gouvernement français a confirmé vendredi qu’il reprendrait 35 milliards d’euros de la dette de la SNCF, l’opérateur du rail, “rassurant” un des plus importants syndicats qui a évoqué une possible sortie de la grève, même si les autres organisations affirment rester mobilisées.

Alors que le texte de loi, voté en première lecture en avril à l’Assemblée nationale, arrive mardi en séance publique au Sénat, chambre haute du Parlement, l’État a ainsi voulu donner quelques gages aux syndicats qui ont mené onze épisodes de grève depuis début avril contre les projets de réforme de leur entreprise.

Le Premier ministre Édouard Philippe a précisé que l’État reprendrait 35 milliards d’euros de dette, dont 25 milliards en 2020 et 10 milliards en 2022, afin que l’entreprise atteigne “l’équilibre” financier “avant la fin du quinquennat”. “Un engagement sans précédent”, a-t-il souligné.

“Il n’y aura pas d’impôt SNCF” pour compenser cette reprise de dette, qui “viendra s’ajouter à la dette publique de l’Etat”, a-t-il souligné.

Le Premier ministre demande un effort de productivité à la SNCF pour combler son écart de compétitivité estimé à 30% par rapport à ses concurrents. “A l’horizon 2026, l’écart de compétitivité doit être réduit des deux tiers. Avec sérieux et rigueur, c’est atteignable”, a-t-il dit.

Le gouvernement veut aussi “alléger le poids des péages ferroviaires” acquittés par les trains circulant sur le réseau SNCF, en limitant la hausse de leurs tarifs “au niveau de l’inflation”.

L’Unsa, deuxième syndicat à la SNCF derrière la CGT, est “rassurée” par l'”engagement ferme de l’État” sur les finances de la SNCF, s’est félicité son secrétaire général Luc Bérille. Une décision sur une éventuelle sortie de la grève devrait être prise “très rapidement”, selon ses responsables.

– La grève pour “peser” –

A la CGT Cheminots, “le combat” continue car “la mobilisation est plus que jamais nécessaire”, a insisté son secrétaire général Laurent Brun. Mais la tonalité de ses propos a paru plus apaisée que lors d’une précédente série de rencontres bilatérales à l’hôtel de Matignon le 7 mai.

“Pour résumer, on a un gouvernement qui semble plus ouvert mais qui a toujours du mal à s’engager”, a estimé M. Brun qui appelle à la tenue d’une table ronde réunissant organisations syndicales, patronat et gouvernement pour que ce dernier “fixe ses engagements par écrit vis-à-vis des grévistes”. M. Philippe “ne nous a pas dit non” et “nous donnera une réponse très prochainement”.

Plus tranché, SUD-Rail n’a vu “guère plus d’avancées” pour les cheminots et “pas de satisfaction” à l’issue de son entretien, “pas de nature à faire cesser la grève”, selon son porte-parole Erik Meyer. SUD-Rail réclame le retrait du projet, ainsi que des négociations patronat-gouvernement-syndicats pour étudier “l’ensemble des questions sur l’ouverture à la concurrence, le financement et les garanties sociales du secteur”.

A la CFDT aussi, la grève “continue” car “nous avons besoin de la mobilisation pour aller jusqu’au bout” du processus parlementaire, a souligné son secrétaire général, Laurent Berger. “Dans ce cadre-là, nous allons continuer de peser pour que des amendements soient repris dans le texte de loi” et pour qu’ait lieu une réunion tripartite sur la convention collective nationale du transport ferroviaire, a-t-il détaillé, après avoir “pris note positivement” des annonces sur la reprise de dette.

Mais la CFDT a “alerté” le Premier ministre sur “les gains de productivité” qui ne pourront “pas se faire sans un dialogue social plus performant qu’il ne l’est aujourd’hui à la SNCF, et sans discussion sur l’organisation du travail avec les organisations syndicales”, a souligné M. Berger.

Pour le secrétaire général de FO Cheminots François Grasa, “toutes les raisons de la grève sont encore là”.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content