La grève des services publics fait tache d’huile dans le privé

© Belga

Le mouvement de grève de ce mardi est en principe cantonné aux services publics – la FGTB ayant apporté son soutien à la CGSP sans pour autant appeler à la grève dans le secteur privé – mais il est également suivi dans certaines entreprises du privé.

Transports en commun, distribution du courrier, administrations, hôpitaux, police… de nombreux services publics sont fortement perturbés ce mardi, quand ils ne sont pas quasiment paralysés, en raison d’un appel à la grève lancé par la CGSP.

Le syndicat socialiste des services publics (CGSP) a appelé à une “journée de réaction” contre la politique du gouvernement fédéral, accusé de mettre à mal les services publics (réduction des budgets, manque d’investissements, privatisation des entreprises publiques…). La CGSP agit sans le concours des syndicats chrétien et libéral, qui n’ont pas appelé à la grève.

A ces griefs communs s’ajoutent des revendications propres à chaque secteur, comme dans le rail, où la CGSP Cheminots dénonce la volonté de la majorité “suédoise” de mettre en place un service garanti à la SNCB, ce qui est perçu par les syndicats comme une “attaque inacceptable” contre le droit de grève.

La date du 10 octobre n’a pas été choisie par hasard puisque le Premier ministre prononcera ce jour à la Chambre son discours de politique générale.

Les transports en commun seront fortement perturbés dans tout le pays. Les bus, trams et métros en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre n’assure pas leurs services habituels, tout comme les trains. A Bruxelles, le réseau de la STIB est très fortement perturbé.

Sur le rail, la grève lancée par la CGSP Cheminots a débuté lundi à 22h00 pour se terminer ce mardi à la même heure. Les deux autres syndicats (CSC-Transcom, SLFP Cheminots) n’ont pas invité leurs affiliés à suivre le mouvement. Pour autant, de nombreux trains ne circulent pas normalement, malgré l’appel lancé par le ministre Bellot. Celui-ci avait demandé à limiter le chaos sur le rail face à la fermeture du viaduc Hermann-Debroux à Bruxelles, un appel rejeté par la CGSP-Cheminots qui poursuivra ses actions “tant que le gouvernement prendra des mesures contre les services publics.”

La grève touche également les administrations locales, zones de police et de secours, prisons, et certains organismes d’intérêt public (OIP), à l’appel de la CGSP Admi, ainsi que les administrations régionales, à l’appel de la CGSP Amio. Même topo en Flandre, où l’ACOD, le pendant flamand de la CGSP, a appelé les fonctionnaires fédéraux et flamands à faire grève durant 24 heures.

Dans l’enseignement, la grève devait être bien suivie dans le réseau officiel. Tous les niveaux sont concernés et la présence de piquets de grève à l’entrée de certaines écoles est probable. Des perturbations ne sont pas non plus à exclure dans le libre.

Audi totalement à l’arrêt

Par ailleurs, la grève de mardi débordera du strict cadre des services publics puisque les métallurgistes FGTB du Brabant (Brabant wallon et Bruxelles) devaient se joindre à la grève de 24 heures. Un appel qui concerne “au moins 40.000 travailleurs”, selon le syndicat, et qui devrait avoir un impact sur des entreprises importantes du secteur.

Le site d’Audi Brussels est effectivement “totalement à l’arrêt”, a affirmé ce matin Manuel Castro, le président de la MWB (Métallurgistes Wallonie Bruxelles)-FGTB, qui s’est jointe à la grève initiée par la CGSP. Des piquets ont également été installés devant de nombreuses entreprises du secteur, dont Schneider Electric, la Sabca, BMW Evere, Autovision ou encore à Clabecq.

“Le mouvement est très bien suivi. Les piquets n’empêchent pas les gens d’entrer dans les usines mais ils les sensibilisent et leur expliquent les raisons de la grève”, a assuré Manuel Castro. “Il faut que ça bouge. Le gouvernement ne peut plus continuer à reprendre les acquis sociaux si durement obtenus”, a-t-il ajouté.

La région liégeoise risque d’être encore plus touchée puisque la régionale FGTB Liège-Huy-Waremme a appelé à la grève tant dans le secteur public que dans le privé. Lundi, la FGTB namuroise a elle aussi annoncé qu’elle s’inscrirait dans la journée de grève générale, en appelant notamment ses militants à soutenir les piquets mis en place par la CGSP. Un rassemblement des affiliés à la Centrale générale est également prévu à 7h30 sur la Place d’Armes.

Des actions “fortement déplacées”, dénonce Agoria

L’extension des actions annoncées par la CGSP au secteur privé est “totalement déplacée”, estime mardi la fédération patronale Agoria alors que les métallos FGTB du Brabant, de Bruxelles (MWB) et de Liège ont débrayé, emboîtant le pas à leurs homologues du public.

En région liégeoise, “cinq entreprises des secteurs d’Agoria sont totalement à l’arrêt comme la FN, Magotteaux et Technical Airbone Components, et quelques-unes enregistrent une perte de leur production de plus de 50%. À Bruxelles, Audi et ses fournisseurs sont à l’arrêt”, dénonce notamment Agoria.

“Les syndicats concernés estiment nécessaire de faire grève car ils ne sont pas d’accord avec la politique du gouvernement. Dans un premier temps, c’étaient les syndicats du secteur public qui avaient annoncé des actions. Une extension au secteur privé est totalement déplacée, que l’on apprécie ou non le travail du gouvernement”, ajoute la fédération selon laquelle “l’action de la MWB-FGTB nuit à la crédibilité de la concertation sociale car il s’agit d’une attaque brutale contre l’économie et l’emploi”.

“La MWB-FGTB fait le choix d’une confrontation inutile. Heureusement, d’autres syndicats ont cette fois compris que s’opposer au gouvernement en faisant grève au détriment des entreprises n’est pas la voie à suivre”, conclut Agoria.

Mouvement bien suivi chez bpost

Du côté de bpost, le mouvement de grève est bien suivi, a indiqué mardi matin Jacques Lespagnard, responsable du secteur postal pour le syndicat socialiste. Selon ce dernier, les journaux ont été distribués mais ce ne sera pas le cas du courrier dans plusieurs régions, dont celles de Charleroi, de Namur et de Liège où un piquet de grève a été installé, à l’aube, devant les grilles de la plate-forme des Plenesses, à Thimister-Clermont, en région verviétoise.

Ce piquet a été levé vers 08h00 pour permettre une action symbolique devant la société protectrice des animaux (SPA), le personnel de bpost se sentant abandonné par les politiques. “Il s’agit d’une action symbolique mais le jour où la privatisation sera décidée, nous bloquerons sur une longue durée”, a déjà averti la CGSP.

Dans la nuit de lundi à mardi, la moitié des paquets et du courrier a pu être acheminé vers les bureaux de distribution, a de son côté assuré une porte-parole de bpost. Selon cette dernière, la plupart des bureaux seront ouverts durant la journée et aucun site de l’entreprise postale n’est bloqué.

Partner Content