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“Pourquoi hésiter ? L’économie circulaire peut parfaitement s’inscrire dans notre économie”

Parmi les nouveaux concepts, nouvelles méthodes ou pratiques économiques qui émergent, peu sont vraiment révolutionnaires. Dans bien des cas, ils se limitent à une innovation technologique facilitant la vie du client et modifiant profondément la structure de certains secteurs d’activité, mais sans créer de nouvelle activité à l’échelle macroéconomique. Il en va autrement de l’économie circulaire.

Du linéaire au circulaire

On est dans ce cas en présence d’une révolution en matière de production des biens qui peut potentiellement avoir un réel impact sur la croissance économique. Pour rappel, la plupart des biens sont produits, depuis la révolution industrielle, selon un mode de production linéaire : des matières sont extraites, transformées, utilisées et puis jetées. Pourtant, les matières jetées ont encore une valeur, même très faible. Ce principe de production linéaire génère donc un gaspillage. Seules quelques rares entreprises tentent de trouver des processus de transformation de déchets pour les revaloriser. Elle rachètent, reçoivent ou même se font payer pour récupérer des matières et les revalorisent sous une autre forme. A l’échelle européenne, on pourrait pourtant en faire beaucoup plus : selon une étude de McKinsey, le budget consacré aux matières premières en Europe pourrait baisser de 32 % – soit de 600 milliards d’euros – d’ici 2030 grâce à l’économie circulaire.

Au niveau individuel, chacun de nous peut faciliter la récupération des matériaux en déposant ses biens usagés au parc à containers. On peut d’ailleurs se réjouir que la Belgique est en tête de classement en matière de recyclage des emballages, indique Eurostat, puisque ceux-ci sont recyclés à 81 % (la moyenne européenne étant de 65%).

Bien plus que le recyclage

Dans nos économies importatrices nettes de matières premières, l’effet net du développement des activités de récupération et de régénération des matériaux pourra supporter la croissance économique.

L’économie circulaire ne peut néanmoins pas être identifiée au recyclage. Elle le dépasse de très loin. L’économie circulaire consiste à utiliser au maximum les matières extraites et transformées. Cela requiert que les produits soient pensés pour être soit utilisés longtemps, soit récupérés dans un nouveau processus de production. L’économie circulaire se traduit donc par une évolution des produits eux-mêmes ou de leur utilisation. L’idée, que plutôt que de vendre un bien, une entreprise peut vendre le service d’utilisation de ce bien, participe par exemple à l’économie circulaire : l’entreprise a intérêt à allonger la durée de vie de ses produits ou à les reconditionner pour leur donner une nouvelle jeunesse.

” PIB compliant ”

L’économie circulaire va donc au-delà de toute considération écologique : c’est un mode de production visant à optimiser la valeur intrinsèque de ce dont nous disposons. Cela requiert une forte composante de recherche et développement lors de la conception du produit, et d’innovation pour mettre en place les processus de revalorisation des matières en fin de (leur première) vie.

Les différentes études estiment par ailleurs que l’effet net de l’économie circulaire sur l’activité économique serait positif. D’après les prévisions de McKinsey, tendre vers une économie circulaire permettrait de faire grimper le PIB européen de 7 points d’ici 2030. En Belgique, les auteurs d’une étude commandée par le service public fédéral Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement ont chiffré la capacité de plusieurs secteurs d’activités à créer de la valeur ajoutée. Un scénario ambitieux – dans lequel différentes initiatives favorisant l’économie circulaire seraient mises en place – permettrait de créer, d’ici 2030, 1,2 milliard d’euros de valeur ajoutée et plus de 11.500 emplois dans les secteurs examinés.

Ces conclusions sont importantes : les nouvelles formes d’économie sont souvent associées au concept de décroissance et à une remise en cause du PIB, ce qui leur donne une coloration politique et promet des discussions stériles. A la différence de ces concepts polémiques, l’économie circulaire peut parfaitement s’inscrire dans la mesure du PIB, mais en plus, il semble que dans nos économies importatrices nettes de matières premières, l’effet net du développement des activités de récupération et de régénération des matériaux pourra supporter la croissance économique. Alors pourquoi hésiter : pensons circulaire !

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