Voici la version définitive du Sonaca 200, avion ‘made in Belgium’

La version définitive du Sonaca 200. © Sonaca

Sonaca Aircraft va profiter du salon aéronautique de Friedrichshafen, qui s’est ouvert ce mercredi en Allemagne, pour enfin présenter la version définitive du Sonaca 200, un avion monomoteur biplace développé et fabriqué par la filiale de la Sonaca.

Les deux premiers exemplaires de l’appareil, dont la production est déjà à un stade avancé, seront d’ailleurs livrés le mois prochain à deux écoles d’aviation carolorégiennes, toutes deux implantées à Gosselies. La certification européenne, dernier obstacle à la vente, devrait, elle, intervenir pour le mois de mai.

Le Sonaca 200 est un monomoteur biplace (un Rotax 91 4F Turbo de 115 chevaux) destiné à la formation des pilotes et aux vols de loisir. Il atteint une vitesse de 115 noeuds (environ 220 km/h), dispose d’une charge utile de 290 kg et a une autonomie de 7h de vol, l’équivalent de la distance Charleroi-Barcelone. Son prix de base est de 175.000 euros mais peut aller jusqu’à 206.000 euros.

Le projet de développer un tel avion au sein-même de la Sonaca date de la mi-2014 et émane de trois ingénieurs de l’équipementier aéronautique carolorégien. “On s’est dit: pourquoi ne pas construire un nouveau petit avion avec les connaissances dont nous disposons déjà? “, se souvient Pierre Van Wetter, co-fondateur et directeur financier de Sonaca Aircraft. Cela a permis d’élargir le spectre des activités de la Sonaca, qui, elle-même, voulait agrandir son champ de compétences.

Dans un contexte de manque cruel d’avions d’entraînement pour les écoles de pilotes et plutôt que de partir d’une feuille blanche, Sonaca Aircraft s’est appuyé sur une machine existant déjà en Afrique du Sud, avec une structure métallique et des ailes basses. Celle-ci a été quelque peu modifiée et améliorée pour déboucher sur le prototype du Sonaca 200 présenté en mai 2015.

Depuis lors, 80% de la machine de départ a évolué, après le retour des écoles à qui l’avion avait été présenté. “Le feedback était d’ailleurs 100% positif et nous avons rapidement signé les premiers contrats après la présentation”, explique le responsable de la filiale de l’équipementier aéronautique carolorégien.

A présent, l’entreprise, dont le capital est d’un peu plus de trois millions d’euros répartis entre la Sonaca et des actionnaires privés, compte déjà une trentaine de pré-commandes, provenant de Belgique, France, Allemagne et Angleterre. Celles-ci seront validées une fois l’avion certifié par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). De très nombreuses heures d’essais en vol, en Belgique et à Avignon (France), ont été nécessaires pour arriver au bout de ce processus. “Et nous bénéficions déjà d’autres intentions d’achat très claires”, se réjouit Pierre Van Wetter.

“C’est un énorme challenge pour une société qui ne fabriquait pas d’avions d’en produire”, illustre-t-il à l’occasion d’une démonstration à Charleroi, juste avant son départ pour l’Allemagne. “Heureusement, la Sonaca a un côté rassurant pour l’acheteur. Mais elle ne jouit pas encore d’une réputation dans le domaine de l’aviation générale.”

Pour se différencier de la concurrence, Sonaca Aircraft met en avant les atouts de son appareil, comme la robustesse ou son comportement aérodynamique. “De la sorte, l’avion va pouvoir opérer selon les demandes des écoles, en effectuant notamment des phénomènes de ‘décrochage'”, détaille le co-fondateur de l’entreprise. Celle-ci emploie actuellement de 20 à 25 personnes et engage des opérateurs (structure, moteur, électronique et électricité) afin d’augmenter la capacité de production.

Construire un Sonaca 200 de A à Z représente en effet 3.000 heures de travail. Une fois la certification obtenue, un appareil en moyenne sortira par mois du hall d’assemblage, d’une superficie de 2.000 mètres carrés, qui sera installé à Temploux, près de Namur. Ensuite, la cadence mensuelle passera à 2-3 exemplaires d’ici à la fin de l’année. “Il faudra dépasser une bonne centaine d’avions vendus avant que les affaires ne deviennent rentables”, calcule Pierre Van Wetter, qui voudrait arriver à un tel stade dans deux ans ou deux ans et demi. Il ambitionne d’élargir la présence du Sonaca 200 à travers l’Europe dans les cinq ans et de commencer le déploiement hors du continent.

D’ici là, l’appareil sera donc présenté en grande première au Salon international de l’aviation générale de Friedrichshafen (sud de l’Allemagne). “Y avoir le Sonaca 200 sur notre stand (contrairement aux deux dernières années, ndlr) nous rend beaucoup plus crédibles. On attend maintenant de voir la réaction du public, qui n’y sera pas qu’européen, et de la presse mondiale”, s’impatiente le responsable. “Nous espérons que cela débouchera sur des lettres d’intention ou des rendez-vous en vue de nouvelles commandes.”

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