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La vraie raison pour laquelle les patrons de la Silicon Valley sont en guerre contre le décret Trump

Les premières semaines de l’administration Trump virent au cafouillage. Pour ne citer qu’un seul exemple, la Maison-Blanche a dû rouvrir les frontières à sept pays de confession musulmane, et cela sous l’injonction d’un juge fédéral de Seattle…

La nouvelle a dû soulager les patrons des grandes entreprises américaines, dont la plupart se sont déclarés contre ce décret présidentiel. Les plus virulents ont été les patrons de la Silicon Valley. Les dirigeants de Google, Microsoft, Amazon, Airbnb, Facebook, etc. se sont tous offusqués de ce décret qu’ils considèrent comme contraire aux valeurs américaines.

Mais en réalité, ce qui fait peur à ces patrons, c’est moins l’interdiction d’entrée aux ressortissants de ces sept pays de confession musulmane, qu’une autre proposition de décret de Donald Trump qui vise à rendre plus compliqué l’octroi d’un visa H1B. Ce visa est destiné aux travailleurs étrangers très qualifiés, comme des développeurs informatiques indiens ou chinois. En effet, fidèle à sa logique America First, Donald Trump veut que les emplois qualifiés aillent d’abord aux Américains. Il va donc compliquer l’attribution de ces visas et, comme si cela ne suffit pas, il veut aussi promulguer une loi qui doublerait le salaire minimum pour obtenir ce visa. De la sorte, Trump espère que les sociétés regarderont à deux fois avant d’engager des spécialistes informatiques étrangers. En Inde, c’est pour le moment la panique: environ 300.000 Indiens travaillent aux États-Unis grâce à ce visa. Et c’est aussi la panique à la Silicon Valley, car sans ces Indiens et Chinois très qualifiés, il y a des postes qui vont rester inoccupés.

On a beau ne pas aimer Donald Trump, il faut bien lui reconnaître une cohérence dans ses idées…

Voilà la vraie raison pour laquelle les patrons de la Silicon Valley sont en guerre contre le décret anti-musulman de Donald Trump, ils ne veulent pas que ce soit une première étape vers d’autres décrets plus dommageables pour eux. Le plus étonnant dans cette affaire, c’est que les patrons de la Silicon Valley jouent aux ‘pères la vertu’ alors que si la classe moyenne américaine souffre, si les seniors américains sont exclus du monde du travail, c’est en partie à cause d’eux. D’abord, ces firmes détruisent de l’emploi avec leurs applications, avec l’automatisation et avec l’arrivée de l’intelligence artificielle. Elles créent aussi de l’emploi, mais nettement moins que ce qu’elles détruisent. Ensuite, n’oublions pas que ces sociétés technologiques ne paient quasi pas d’impôts sur le sol américain et qu’elles gardent leur trésorerie dans des paradis fiscaux. Une firme comme Apple refuse de payer les 13 milliards d’arriérés d’impôts réclamés par la Commission européenne et a accepté d’interdire une application du New York Times pour ne pas se fâcher avec le gouvernement chinois, pays avec lequel Apple réalise 20% de son chiffre d’affaires. Quant au patron de Facebook, il a dit qu’il donnerait 99% de sa fortune à une fondation et qu’il croit en la liberté d’expression, mais en attendant sa firme n’a payé que 6% d’impôts au cours des cinq dernières années et il s’est également couché devant la censure chinoise.

Bref, les patrons de la Silicon Valley défendent la vertu et la liberté de circulation des citoyens du monde uniquement quand c’est dans leur intérêt financier ! À l’inverse, on a beau ne pas aimer Donald Trump, il faut bien lui reconnaître au moins une cohérence dans ses idées…

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