“L’immobilier n’est pas un produit d’exportation”

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Du 16 au 18 mai inclus, le secteur de l’immobilier belge se réunit à Tour & Taxis pour une nouvelle édition du salon Realty. Mathieu Van Marcke, le nouveau directeur général de l’événement, redoute une distanciation entre la sphère politique et le secteur immobilier.

Après le retour temporaire de Gregory Olszewski en 2016, l’organisateur d’événements Artexis Easyfairs a confié au début de cette année le salon Realty aux bons soins de Mathieu Van Marcke. Le Gantois, qui connaît le monde de l’immobilier comme sa poche, est le fondateur et CEO de hooox, entreprise spécialisée dans la communication immobilière. hooox est également à l’origine, avec d’autres, de l’organisation du pavillon belge à l’occasion du Mipim, le marché international des professionnels de l’immobilier de Cannes.

MATHIEU VAN MARCKE. Realty est en tout cas devenu une valeur sûre. Même si les doutes, au départ, ont été nombreux. Le secteur s’est montré pour le moins sceptique lorsque Gregory Olszewski a annoncé sa création, en 2008. Mais l’équipe d’Easyfairs Artexis a fait un travail extraordinaire. Chaque année, Realty parvient à réunir le secteur immobilier du plat pays. Plus de 7.000 visiteurs, ce n’est pas rien. C’est la preuve qu’à côté des salons internationaux, il y a de la place pour un événement belge.

Lancer et développer Realty s’est donc avéré une excellente initiative. Mais même avec un produit de premier plan, il n’est pas question de se reposer sur ses lauriers ; il faut au contraire oser innover. Cela fait d’ailleurs partie des conclusions qu’Eric Everard (propriétaire et CEO d’Artexis Easyfairs, Ndlr) et moi-même avons tirées. Nous sommes d’accord pour dire que le concept mérite d’être considérablement modernisé.

Que reprochez-vous à la formule actuelle ?

Realty ne va pas assez au-delà du concept du salon professionnel classique, à l’occasion duquel les entreprises viennent présenter leurs produits ou services. Rassurez-vous : nous ne comptons pas tourner cette page. Les entreprises auront toujours leur stand à Realty ! Mais nous ne voulons pas nous limiter à cela. Nous sommes convaincus que Realty doit se muer en un événement communautaire, un lieu de rencontre où les professionnels viendront s’informer et dialoguer, car les défis qui attendent le secteur ne sont pas négligeables. Nous avons d’ores et déjà pris quelques initiatives en ce sens, mais les vrais changements ne seront visibles qu’à l’occasion de l’édition 2018.

Pour pouvoir développer une vision urbanistique, les contacts entre les pouvoirs publics et les acteurs privés doivent être intenses.

De quels défis parlez-vous ?

Un des thèmes sur lesquels nous nous pencherons dès cette année est la technologie. Je sais d’expérience que dans ce domaine, le secteur ne bouge que très lentement. Mais nous arrivons à un moment charnière. Une étude de l’Urban Land Institute le confirme : au cours des 15 prochaines années, la technologie comptera parmi les principaux facteurs de changement au sein du secteur. Cette année, un innovation corner accueillera une série d’entreprises innovantes ; cela ira de firmes qui utilisent les big data pour développer des modèles d’évaluation à des sociétés spécialisées dans la numérisation des processus de développement immobilier, en passant par des applications en 3D et de réalité virtuelle.

Ajoutons à cela le risque de distanciation entre la sphère politique et le secteur immobilier. Il y a eu des scandales, qui ont pesé sur les relations. Nous l’avons constaté à l’occasion du Mipim, notamment, où les délégations politiques étaient moins fournies que d’habitude. Je n’apprécie pas cette évolution. Car pour pouvoir développer une vision urbanistique, les contacts entre les pouvoirs publics et les acteurs privés doivent être intenses. Attention : je ne plaide pas en faveur d’un retour à une politique opaque – bien au contraire -, le but est de créer une plateforme de dialogue que toutes les parties pourront utiliser pour s’entretenir ouvertement de leurs besoins et souhaits.

Realty a-t-il les yeux tournés vers l’étranger ou restera-t-il un lieu de rencontre essentiellement belge ?

Artexis Easyfairs a récemment créé Realty Spain. Cette nouvelle initiative tient actuellement davantage de la conférence que de la foire-exposition. Elle est indépendante du volet belge. Celui-ci doit continuer à se concentrer sur la communauté belge. Cela ne signifie toutefois pas que nous tournions le dos aux investisseurs, aux orateurs ou aux idées de l’étranger : le programme de la conférence est résolument international. Mais Realty Belgium reste centré sur le marché local et ne cherche pas à attirer en masse les Néerlandais ou les Français. Le marché n’est pas demandeur. L’immobilier n’étant pas un produit d’exportation, Realty n’est pas un salon axé sur les ventes à l’étranger.

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