Le milliardaire chinois disparu à Hong Kong entendu sur la crise boursière de 2015

Xiao Jianhua © Capture d'écran YouTube/Financial Times

Un milliardaire chinois disparu à Hong Kong où il aurait été enlevé par des agents de sécurité du continent est entendu, d’après la presse hongkongaise, dans une enquête sur l’effondrement des places financières chinoises de l’été 2015.

Xiao Jianhua, l’un des hommes les plus riches de Chine, a disparu vendredi de son appartement dans le luxueux hôtel Four Seasons de l’ancienne colonie britannique.

Selon des médias en langue chinoise établis à l’étranger, il a été emmené par des agents chinois.

Ces agents n’ont pas le droit d’intervenir dans la région semi-autonome revenue en 1997 dans le giron chinois et cette affaire alimente à nouveau les craintes sur la mainmise croissante de la Chine sur Hong Kong.

Dans trois communiqués qui lui sont attribués publiés sur le compte WeChat de sa société et dans un journal hongkongais, le financier a démenti avoir été enlevé.

M. Xiao est le fondateur du Tomorrow Group, qui a notamment des intérêts dans l’immobilier et la finance. Le consulat du Canada a confirmé jeudi à l’AFP qu’il détenait la nationalité canadienne, ajoutant être en contact avec les autorités “pour fournir (son) assistance”.

D’après le South China Morning Post, M. Xiao se trouve en Chine continentale et “aide aux investigations” sur la dégringolade boursière de 2015.

L’indice de la place de Shanghai avait perdu près de 40% en un peu plus de deux mois après avoir atteint des sommets à la mi-juin de cette année là.

Les autorités avaient contribué à la bulle en encourageant les investissements. Mais lorsqu’elle a éclaté, elles ont cherché à en imputer la responsabilité à des manipulations.

On ignorait quel rôle serait attribué à M. Xiao dans cet événement. Les autorités chinoises ont ciblé depuis lors plusieurs investisseurs soupçonnés de délits d’initiés.

La semaine dernière, un ancien gestionnaire de fonds d’investissements, Xu Xiang, a été condamné à plus de cinq ans de prison pour manipulation des marchés.

Campagne anticorruption

Le journal hongkongais Apple Daily a rapporté que MM. Xu et Xiao avaient été voisins au Four Seasons avant l’arrestation du premier.

Cet hôtel multi-étoilé qui jouit de vues imprenables sur la baie de Hong Kong a la réputation d’être le refuge des magnats chinois des affaires.

Selon le South China Morning Post, l’enquête en cours a un rapport avec la disgrâce de l’ancien chef du contre-espionnage chinois, Ma Jian, accusé de corruption. L’ancien vice-patron du ministère de la Sécurité d’Etat, souvent qualifié de “KGB chinois”, a été expulsé fin décembre du Parti communiste après l’ouverture d’une enquête en 2015.

Des médias chinois ont laissé entendre que la disparition de M. Xiao était liée à la campagne anticorruption en vigueur sur le continent, qui selon certains critiques sert à cibler les opposants politiques au président chinois Xi Jinping.

Cette campagne lancée après l’arrivée au pouvoir de M. Xi a emporté des responsables politiques comme économiques.

Le milliardaire disparu aurait agi comme courtier pour la direction chinoise, selon certaines spéculations. Des médias ont rapporté au contraire que le financier aurait pu entretenir des relations avec des clans politiques rivaux.

Le politologue Ma Ngok, professeur à l’Université chinoise de Hong Kong, estime que les hommes d’affaires sont victimes “pour partie des luttes politiques et pour partie de la campagne anticorruption”.

Pour lui, il est vraisemblable que les hommes d’affaires chinois établis à Hong Kong seront tentés de partir. “Ils n’ont pas l’assurance que s’il se passe quelque chose à Hong Kong le gouvernement ou la police leur viendra en aide”.

Cette affaire rappelle la “disparition” en 2015 de cinq libraires connus pour publier des livres salaces sur la classe politique chinoise, tous réapparus sur le continent. L’un d’entre eux, Lee Bo, s’était volatilisé alors qu’il se trouvait à Hong Kong, ce qui avait déclenché une vague de contestations.

Hong Kong jouit en théorie jusqu’en 2047 de libertés inconnues sur le continent en vertu du principe “un pays, deux systèmes”.

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