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“Il faut que Tokyo redevienne un modèle de dynamisme”

Nous avons de meilleures chances de relever les grands défis mondiaux actuels, de l’économie et l’environnement jusqu’à la sécurité des citoyens, si les villes mettent en commun leurs idées et leurs efforts.

Yuriko Koike, gouverneure de Tokyo.
Yuriko Koike, gouverneure de Tokyo.© Reuters

Aujourd’hui, les grandes villes du monde sont à l’avant-garde du changement. Ce sont les laboratoires d’une croissance économique durable. Les responsables des villes façonnent la manière dont les gens vivent et travaillent ensemble. Et nous avons de meilleures chances de relever les grands défis mondiaux actuels, de l’économie et l’environnement jusqu’à la sécurité des citoyens, si les villes mettent en commun leurs idées et leurs efforts.

En tant que gouverneure de Tokyo, ma mission est de transformer notre métropole tout au long de l’année 2018 et au-delà pour faire en sorte qu’elle réponde aux besoins et aux aspirations de plus de 13,7 millions d’habitants. Je n’appartiens pas à l’establishment politique traditionnel. J’ai un parcours unique dans le monde politique japonais. J’ai étudié la sociologie au Caire, en arabe, et j’ai poursuivi une carrière en journalisme économique avant d’entrer dans la politique nationale, à divers postes gouvernementaux, notamment celui de ministre de l’Environnement. Ces expériences variées m’ont appris à chercher à avoir une vue d’ensemble sur un grand éventail de questions, tout en étant attentive au détail.

Depuis que je suis entrée en fonction, en 2016, j’ai entrepris une analyse fondamentale des besoins de Tokyo. J’ai travaillé à la mise en place d’une grande réforme – placer les citoyens en première ligne, augmenter la transparence du gouvernement et instituer une nouvelle discipline de nos dépenses – pour créer un ” nouveau Tokyo “.

Un des objectifs est de faire de Tokyo la grande place financière mondiale d’Asie. Les services financiers, et le domaine en pleine croissance de la fintech, sont des éléments importants si nous voulons continuer à réaliser une croissance économique, alors même que nous devons nous adapter au déclin de notre population. Au Japon, les services financiers représentent à l’heure actuelle seulement 5 % de l’économie. Si nous parvenons à doubler ce chiffre, nous serons au niveau du Royaume-Uni, ce qui ajouterait 30.000 milliards de yens (près de 225 milliards d’euros) au PIB du Japon.

Un de mes objectifs est de faire de Tokyo la grande place financière mondiale d’Asie.

Cette priorité accordée aux services financiers, ainsi que des investissements dans des champs comme l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et les services médicaux, nous aidera à augmenter le poids économique de Tokyo. Ce n’est pas une tâche aisée. Notre production annuelle représente environ 95.000 milliards de yens, soit 20 % du PIB du Japon. L’objectif n’est pas simplement la croissance pour la croissance, mais une croissance qui bénéficie à tous nos citoyens.

Ce sont les habitants et les entreprises qui financent tout ce que nous faisons. Si nous devons réaliser des investissements dans des domaines critiques, nous devons également poursuivre une politique fiscale prudente qui nous permette de maintenir nos coûts à leur minimum et nous aide à tenir nos engagements. Comme d’autres grandes villes du monde, il nous faut mettre en place des politiques de grande envergure pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Pour contribuer à financer ce projet et d’autres initiatives, en 2017, nous avons émis 20 milliards de yens d’obligations vertes qui répondent à nos principes environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Tokyo a l’habitude de mener ses propres actions sur des questions environnementales pour améliorer la vie des citoyens japonais. Avec la rapide industrialisation de l’après-guerre, nous avons souvent été en avance sur le gouvernement national en matière de législation environnementale dans des domaines comme le contrôle de la pollution de l’air. En 2010, la ville a lancé un système de quotas pour les immeubles de bureaux et d’autres grandes structures, le premier en son genre à l’échelle d’une ville. Grâce à ce système, la quantité totale de CO2 émis par ces structures a significativement baissé depuis le début du siècle. L’objectif est de réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre entre les années 2000 et 2030, avec 30 % de nos besoins en électricité couverts par des énergies renouvelables.

Les fruits de notre travail seront visibles lors des Jeux olympiques et paralympiques que nous accueillerons en 2020. Les Jeux de Tokyo de 1964 furent une vitrine fantastique pour montrer au monde les efforts déployés par le Japon pour se reconstruire et se réinventer après les dévastations de la Seconde Guerre mondiale. Les Jeux de 2020 seront l’occasion de proposer un modèle de cité mondiale dynamique mais durable, tolérante, résiliente et pleine de ressources.

Par Yuriko Koike, gouverneure de Tokyo.

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