L’administration Trump étrille l’Organisation mondiale du Commerce

Donald Trump © REUTERS

L’administration Trump juge l’Organisation mondiale du commerce incapable d’empêcher les pratiques commerciales déloyales et promet une approche “plus agressive” pour défendre les intérêts américains, qui pourrait passer par des représailles douanières, selon un document officiel publié mercredi.

“Le statu quo est intenable. Pendant trop longtemps, les Américains ont perdu des parts de marché au profit d’autres pays, en partie parce que nos entreprises et nos travailleurs n’ont pas eu de réelle possibilité de se mesurer à la concurrence étrangère”, assure l’équivalent du ministère du Commerce extérieur américain (USTR) dans son plan d’action annuel remis au Congrès.

“Il est clair que les Etats-Unis ont une grande variété de préoccupations concernant le commerce, y compris au sujet de l’Organe de règlement des différends de l’OMC”, a réagi le directeur général de l’institution, Roberto Azevedo.

“Je suis prêt à m’asseoir et à discuter de ces préoccupations et de tout autre problème avec l’équipe des Etats-Unis une fois qu’ils seront prêts à le faire”, a-t-il ajouté, dans une courte déclaration envoyée aux médias.

Elu sur la promesse de ramener des emplois sur le sol américain, Donald Trump a plusieurs fois pris pour cible la politique commerciale de la Chine tout en critiquant l’OMC, l’instance multilatérale chargée de régler les différends entre pays.

Selon l’USTR, les règles de l’OMC reposent sur “l’idée implicite” que les pays appliquent les principes de l’économie de marché alors que “plusieurs acteurs importants” les ignorent et dissimulent leurs entorses au libre-échange derrière des systèmes “pas suffisamment transparents”.

“L’incapacité du système à faire en sorte que ces pays rendent des comptes conduit à une perte de confiance dans le système”, indique l’USTR, amorçant une prise de distance par rapport à l’OMC.

Le rapport suggère ainsi que les Etats-Unis ne se sentiront pas légalement liés par les décisions de l’OMC qui lui seraient défavorables. “Les Américains ne sont pas directement soumis aux décisions de l’OMC”, assure l’USTR qui affirme privilégier la défense “de la souveraineté” des Etats-Unis.

Selon l’OMC, le règlement des différends commerciaux constitue “la clef de voûte du système commercial multilatéral”.

“C’est le moment pour une approche plus agressive”, indique également l’administration, qui affirme être prête à utiliser “tous les moyens de pression” pour forcer les pays à ouvrir leurs marchés, conformément aux menaces brandies par Donald Trump. Le document fait notamment référence à une loi de 1974 qui permet au président d’imposer des sanctions douanières.

Plus généralement, l’USTR confirme que les Etats-Unis privilégieront des accords bilatéraux, au détriment des grands traités régionaux qui leur seraient moins favorables.

Dès son arrivée à la Maison Blanche, le président avait déjà officialisé le retrait américain du traité transpacifique (TPP) qui avait été signé avec 11 pays de la région Asie-Pacifique.

Dans son rapport, l’USTR n’enterre toutefois pas complètement un autre accord régional de libre-échange, le TTIP, négocié depuis 2013 avec l’Union européenne et actuellement dans l’impasse.

“L’administration Trump étudie actuellement le statut de ces négociations”, indique le document.

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