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Pourquoi l’Arabie saoudite fait chuter les prix du pétrole

Le monde croule sous le pétrole à bas prix. La reine des matières premières, qui est au centre de nos économies, est aujourd’hui bradée.

Alors que le baril de pétrole valait plus de 100 dollars il y a moins d’un an, il est aujourd’hui à environ 45 dollars, soit une chute brutale de l’or noir de plus 50% en douze mois !

En réalité, cette chute est artificielle. Elle est d’abord géopolitique avant d’être le résultat de l’offre et de la demande. Et l’auteur de cette chute artificielle, c’est l’Arabie saoudite. En temps normal, lorsque le prix de l’or noir chute, l’Arabie saoudite doit diminuer sa production pour faire remonter les prix. Or, ce pays a au contraire maintenu sa production. Par conséquent, le prix du baril, au lieu de reprendre des couleurs, a continué à chuter.

C’est étonnant, car tous les pays exportateurs de pétrole ont besoin d’un prix plus élevé que celui d’aujourd’hui pour équilibrer leur budget et acheter la paix sociale chez eux. On voit le résultat de cette chute des prix au Venezuela: l’inflation est à trois chiffres et les rayons des supermarchés sont souvent vides !

Pourquoi l’Arabie saoudite fait chuter les prix du pétrole

Question: pourquoi l’Arabie saoudite ne diminue-t-elle pas sa production pour faire remonter les prix ? Parce que c’est une manière pour elle de faire plier la Russie et l’Iran. La Russie, car elle soutient le clan alaouite de Bachar el-Assad. Et l’Iran, car c’est l’ennemi chiite qu’elle déteste, de manière quasi génétique !

En fait, le calcul de l’Arabie saoudite est simple: elle peut exploiter du pétrole de manière rentable jusqu’à sans doute 5 ou 10 dollars le baril, ce qui n’est pas le cas de ses deux ennemis qui ont besoin d’un prix supérieur à 50 dollars pour que le seuil de rentabilité soit atteint.

Et puis, l’Arabie saoudite veut en quelque sorte également punir les États-Unis qui ont décidé – grâce à l’exploitation du gaz et pétrole de schiste – de devenir non seulement indépendants sur le plan énergétique, mais également de devenir les premiers producteurs mondiaux, devant l’Arabie saoudite. En laissant le baril tomber durablement sous la barre des 50 dollars, l’Arabie saoudite espère asphyxier les producteurs américains de gaz de schiste, car le seuil de rentabilité est probablement au-dessus des 40-50 dollars. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, beaucoup de ces producteurs américains sont au bord de la faillite.

En fait, ce à quoi nous assistons, c’est à une guerre du pétrole inversée. Dans les années 1974-1979, les pays exportateurs de pétrole ont voulu nous mettre à genoux en quadruplant les prix. Aujourd’hui, c’est un seul pays – l’Arabie saoudite – qui divise les prix par deux pour faire la fête à ses ennemis.

En tant qu’Occidentaux, nous profitons du pétrole à bas prix, mais il ne faut pas se leurrer. Si ces prix restent trop longtemps aussi bas, ils déstabiliseront demain des pays africains ou sud-américains, sans même parler du Proche-Orient, et nous risquons d’en payer le prix après-demain. Le monde est décidément devenu interdépendant pour le meilleur et pour le pire.

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