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Pourquoi la confiance des entreprises belges se dégrade-t-elle ?

Les indicateurs de confiance jouent un rôle important dans l’analyse conjoncturelle: ils sont disponibles sans retard et des liens très forts les unissent à l’activité économique.

Les chefs d’entreprise tirent la tête

De manière un peu étrange, l’indicateur de la confiance des chefs d’entreprise en Belgique évolue dans la mauvaise direction en ce moment. Cela signifie qu’en réponse à différentes questions sur l’évolution récente de l’activité ou de la demande, mais aussi sur les prévisions de celle-ci, la différence entre les chefs d’entreprise optimistes et pessimistes se dégrade quelque peu. Tous les secteurs de l’économie sont, à des degrés divers, touchés. Seul le secteur du commerce semble tirer son épingle du jeu. Soyons clair, le niveau global de confiance reste bon. Mais son évolution négative interpelle.

C’est d’autant plus énigmatique que cela va à contre-courant de l’évolution de la confiance des chefs d’entreprise à travers la zone euro. Celle-ci ne connaît en effet pas de repli majeur. Que du contraire, elle atteint des sommets. Comment alors expliquer une telle évolution ” en ciseau ” ?

Indicateur précurseur

Différents travaux ont par le passé montré que, compte tenu de la position de l’économie belge dans la chaîne de production européenne (la Belgique est fournisseur de produits semi-finis), la confiance des chefs d’entreprise belges pouvait être considérée comme un indicateur précurseur du cycle économique européen. La dégradation de la confiance belge serait alors inquiétante : elle serait le révélateur d’une décélération future de l’activité économique dans la zone euro, alors même que la reprise prend racine.

Tous les secteurs de l’économie sont, à des degrés divers, touchés. Seul le secteur du commerce semble tirer son épingle du jeu.

Néanmoins, on peut émettre de sérieux doutes à l’encontre de cette explication. Certes, l’indice de confiance des entrepreneurs allemands montre également très récemment quelques signes de faiblesse, mais le faisceau d’indicateurs dont on dispose ne révèle pas un retournement imminent du cycle économique : l’emploi se porte bien à travers la zone euro, les politiques fiscales ne freinent plus les économies, la politique monétaire reste très accommodante. Et l’appréciation de l’euro me direz-vous ? La progression récente de l’euro a probablement un peu érodé la compétitivité des entreprises de la zone euro, mais la Banque centrale européenne ne semble pas trop inquiète à ce stade.

Problème interne

Peut-être faut-il dès lors trouver la réponse à cette énigme à l’intérieur de l’économie belge. Ce serait étonnant, car plusieurs mesures récentes prises par le gouvernement telles que la baisse des charges patronales et la réforme prévue de l’Isoc devraient plutôt renforcer la confiance des chefs d’entreprise. Cependant, deux éléments contraires doivent être pris en compte : d’une part, la Belgique est en plein exercice d’assainissement des finances publiques, alors que les pays ayant commencé cet exercice dès 2010 l’ont presque terminé. Or, on sait que d’une manière ou d’une autre, l’assainissement provoque un ralentissement de l’activité. D’autre part, l’inflation belge reste plus élevée que la moyenne de la zone euro. Cela a déjà provoqué deux indexations des salaires depuis le ” saut d’index “, alors même que les pays voisins, partenaires commerciaux mais non moins concurrents, connaissent des taux d’inflation (et donc une compensation salariale de celle-ci) moindres. Cela peut être un facteur de moindre compétitivité (dans l’industrie exportatrice), ou tout simplement de mise sous pression des marges (dans les services).

En bref, il n’y a pas d’explication claire à l’évolution négative de la confiance des entreprises belges en ce moment. Il s’agit probablement d’une combinaison de facteurs externes (appréciation de l’euro, environnement géopolitique) et de facteurs internes (assainissement des finances publiques, indexation des salaires). Toujours est-il que cette moindre confiance laisse présager une croissance économique certes positive mais modeste. En tous les cas inférieure à 2 %, qui était le standard du passé de l’économie belge.

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