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‘Trump fait encore du Trump, mais cette fois ça fait vraiment peur’

La plupart des Bourses européennes étaient en pleine torpeur estivale, mais grâce à Donald Trump, elles se sont réveillées…

Le président américain a promis, mercredi dernier, “feu et fureur” à la Corée du Nord si elle continuait de menacer les États-Unis. Pour justifier cette réponse très guerrière, le chef de la diplomatie américaine a pris la défense de Donald Trump en précisant que ce langage guerrier était uniquement destiné à Kim Jung-Un, qui ne semble guère comprendre le langage diplomatique. Mais, hélas !, ce langage très viril n’a pas eu beaucoup d’impact sur le dictateur nord-coréen puisqu’il a aussitôt riposté en disant qu’il étudiait la possibilité d’une frappe nucléaire sur les États-Unis ! Bref, cette escalade verbale est une source de tensions, notamment pour les marchés financiers qui redécouvrent soudain que le risque géopolitique existe, et les Bourses européennes ont donc clôturé en baisse.

L’agence financière Bloomberg s’est posé les bonnes questions en cas de guerre. Première question: peut-on frapper de manière chirurgicale la Corée du Nord ? Réponse: non, car les missiles nucléaires sont disséminés un peu partout dans ce pays très montagneux. Et les États-Unis ne peuvent pas se permettre ce genre de pari, car Séoul, la capitale de la Corée du Sud, n’est pas loin de la frontière et abrite 10 millions de personnes. Tokyo et ses 38 millions d’habitants sont également à proximité…

Deuxième question: les États-Unis peuvent-ils procéder en interne à un changement de régime ? La réponse est aussi non, car la clique de militaires qui entoure le dictateur actuel adopte le même raisonnement. Faire assassiner le numéro un n’aurait aucun intérêt, car il serait immédiatement remplacé. La liste des dignitaires nord-coréens à assassiner serait trop longue, d’après Bloomberg. Sans compter que la Chine ne voudrait pas d’un tel scénario de peur de voir arriver une vague d’immigration nord-coréenne sur son territoire.

Dans une période aussi délicate, avoir un tel locataire à la Maison-Blanche fait peur…

Troisième question: n’est-ce pas mieux d’envahir physiquement la Corée du Nord ? Là encore, en cas de volonté de débarquement, cela demanderait une logistique considérable et le régime nord-coréen pourrait frapper préventivement des cibles pro-américaines pour justement éviter ce scénario. N’importe quelle analyse coût-bénéfice montre que ce serait une hérésie. Et puis, le coût économique d’une guerre avec la Corée du Nord serait énorme. N’oublions pas que la Corée du Sud abrite des conglomérats comme Samsung ou Hyundai. Il faudrait au bas mot 10 ans pour reconstruite la péninsule coréenne en cas de conflit.

Vous l’avez compris, même si le dictateur d’en face est irrationnel, il n’y a pas d’autre choix que de discuter avec lui et son entourage, selon les spécialistes. Et dans ce sens, l’analyste Noah Feldman a raison de dire que la réponse machiste de Donald Trump était quelque peu ridicule. En disant qu’il riposterait lourdement, il a tiré une ligne rouge qu’il ne pourra pas respecter. Exactement comme quand Barack Obama a dit qu’il n’autoriserait pas l’emploi d’armes chimiques en Syrie, un engagement qu’il n’a pas pu tenir… Trump risque donc de se retrouver dans la même situation d’impuissance. En conclusion, Trump a encore fait du Trump, et dans une période aussi délicate, avoir un tel locataire, aussi novice, à la Maison-Blanche fait peur.

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