Protection des consommateurs: les cookies en ligne de mire

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Le ciblage publicitaire sur le Web est dans le collimateur de la Commission européenne qui veut adopter une nouvelle directive plus contraignante. Le monde de la pub craint le pire.

Coup de tonnerre dans l’industrie publicitaire : la Commission européenne veut revoir le régime des cookies, ces petits fichiers espions qui recueillent des informations sur les habitudes de navigation des internautes. A priori inoffensifs, ces ” mouchards ” sont d’une grande utilité, non seulement pour le surfeur lambda qui ne doit pas retaper son code d’accès lorsqu’il revient sur un site déjà visité, mais surtout pour les annonceurs qui peuvent, de cette façon, cerner les centres d’intérêt du consommateur et lui envoyer dès lors de la publicité ciblée. Actuellement, les sites doivent déjà informer les internautes de l’existence de ces cookies via un pop-up qui s’affiche à l’écran et qui laisse au consommateur le choix de les accepter ou pas. Mais dans les faits, l’accès au service proposé est souvent conditionné à l’acceptation de ces fichiers espions…

La Commission européenne veut donc remettre de l’ordre dans la protection des données personnelles et entend renforcer la directive ePrivacy relative au respect de la vie privée sur le Web. Plus contraignant, le nouveau texte proposé par l’exécutif européen veut ainsi imposer ” le principe du consentement préalable ” des consommateurs qui devront valider en amont toute exploitation potentielle de leurs données. Concrètement, chaque internaute pourra donc décider, lors de sa toute première connexion à un navigateur internet, s’il veut ou non être soumis au régime des cookies pour l’ensemble des sites qu’il visitera ensuite.

Un modèle menacé

Si la nouvelle directive simplifie la procédure dans le chef des internautes, elle inquiète en revanche le monde de la pub qui craint un rejet massif des cookies et donc un ciblage publicitaire beaucoup moins pertinent à l’avenir pour les annonceurs. Les représentants de l’Interactive Advertising Bureau (IAB) – une organisation internationale qui regroupe les acteurs de la publicité en ligne – estiment ainsi que la nouvelle directive pourrait non seulement bouleverser leur activité, mais surtout accélérer le recours aux adblockers – les logiciels bloqueurs de pub – puisque les messages publicitaires seraient moins guidés par lescookies et donc moins pertinents pour l’internaute. Ce qui nuirait in fine au financement des groupes médias en Europe dont le business model repose principalement sur la publicité…

Prévue en mai 2018 après des discussions entre les Etats membres, l’adoption de la directive prévoit également de mettre les opérateurs télécoms classiques et les acteurs du Web comme WhatsApp, Viber ou Facebook Messenger sur un même pied d’égalité. Le texte interdira en effet à ces entreprises d’utiliser les données ou le contenu des conversations de leurs utilisateurs pour proposer des services ou de la publicité ciblée, ce qu’elles peuvent faire actuellement. Une autre révolution qui n’est pas non plus du goût des nouvelles puissances du Web dont le lobbying ne fait que commencer…

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