Ethias et integrale, sur un même tas de fumier…

© PHOTOS ET ILLUSTRATIONS: BELGAIMAGE

Deux coqs vivaient en paix : une poule survint, Et voilà la guerre allumée. (Les deux Coqs)

“C’est dommage, triste et ridicule. ” Pour cet éminent membre de la biosphère politico-économique liégeoise, la concurrence entre Ethias et Integrale, les deux grands assureurs de la Cité ardente, est une hérésie. D’autant que jusqu’à présent, ces groupes sont très complémentaires : Ethias s’est maintenant focalisé sur l’assurance IARD (assurance incendie, auto, accidents, risques divers) alors qu’Integrale gère surtout des assurances de groupe et que son actionnaire, Nethys, avec Ogeo Fund, se développe aussi dans le marché des fonds de pension.

Pourtant, entre Ethias et Integrale, on joue à ” je t’aime, moi non plus “. D’un côté, les deux assureurs se retrouvent actionnaires dans la même société (chez EDF Luminus, dans la société informatique NRB, etc.) et ne rechignent pas à s’épauler en cas de coup dur. Lorsque la Commission européenne a validé la recapitalisation d’Ethias par l’Etat fédéral et les Régions en 2008, elle a exigé qu’Ethias cesse l’assurance-vie pour particulier. C’est alors Integrale qui a repris une partie des contrats First d’Ethias. A l’inverse, quand Integrale a dû renforcer son fonds de garantie en 2015 pour le faire passer de 30 à 60 millions, Ethias et l’assureur mutualiste français MGEN ont répondu présents…

Mais les relations semblent s’être tendues lorsque fin 2015-début 2016, Integrale, poussé par la Banque nationale, a été obligé d’abandonner son statut de CCA (caisse commune d’assurance, sans capital social) pour devenir une société anonyme. Integrale a donc cherché des actionnaires et deux offres concurrentes lui ont été faites, l’une par Ethias, l’autre par Nethys et Ogeo Fund. ” Nethys l’a emporté : son offre était meilleure et Integrale désirait à tout prix garder son indépendance managériale “, déclare un proche du dossier.

Le passage d’Integrale sous la coupe de Nethys a envenimé les relations, d’autant qu’entre Stéphane Moreau et le patron d’Ethias Bernard Thiry, le courant ne passait pas. ” A Liège, Bernard Thiry était considéré comme un homme de Di Rupo “, dit une source. Et cela, ça ne pardonne pas.

Aujourd’hui, Bernard Thiry a démissionné, mais il reste encore une cause de friction, économique celle-là : la concurrence. Active dans un marché de l’assurance-vie qui est devenu de moins en moins rentable en raison de la baisse des taux, Integrale travaille depuis quelques mois à s’étendre dans l’IARD, et donc à marcher sur les plates-bandes d’Ethias. ” Aujourd’hui, Ethias et Nethys/ Integrale, c’est un peu deux coqs sur le même tas de fumier ” résume un administrateur d’un des deux assureurs.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content