Bitcoin: des frais de transaction comme s’il en pleuvait

© Belgaimage
Gilles Quoistiaux Journaliste Trends-Tendances

Acheter et vendre des monnaies virtuelles, ce n’est pas gratuit. A chaque opération ou presque, des frais de transaction s’appliquent. Passage en revue des principaux surcoûts.

Les frais qui s’ajoutent à chaque opération restent souvent en travers de la gorge des investisseurs en cryptomonnaies. Leur montant aléatoire et peu transparent représente jusqu’à plusieurs pourcents de la valeur totale de la transaction. Ces frais rémunèrent toute une série d’intermédiaires qui font fonctionner le monde du bitcoin… en échange de juteuses commissions.

1. Frais de minage

Quoi ? Ce sont les frais réclamés par les mineurs de monnaies virtuelles. Les mineurs valident les transactions et les inscrivent sur la blockchain, constituant un énorme livre de compte en ligne, réputé infalsifiable. En échange de ce ” travail ” réalisé grâce à un matériel informatique puissant, ils sont rémunérés en cryptomonnaies.

Quand ? Les frais de minage sont dus pour les opérations validées sur la blockchain. C’est le cas des achats de cryptomonnaies à partir d’une monnaie classique (euros, dollars, etc.), mais aussi des transferts de monnaie virtuelle depuis une plateforme d’échanges vers une autre plateforme ou un autre portefeuille en ligne. ” Par contre, toute opération réalisée au sein même d’une plateforme n’engendre pas de frais de minage. Il s’agit d’une écriture interne, centralisée, qui ne passe pas par la blockchain” , détaille Jean Wallemacq, partner chez Benthurst & Co, société de conseil pour le secteur financier, et codirecteur de la Belgian Bitcoin Association. Par exemple, acheter du neo (une monnaie alternative) avec du bitcoin sur la plateforme d’échange chinoise Binance ne génère pas de frais de minage.

Combien ? Ces frais sont très variables. Leur montant dépend de la monnaie achetée, du moment où elle est achetée et du prix que l’acheteur est prêt à payer au mineur.

Les frais de minage sont plus élevés pour l’achat de bitcoins que pour d’autres monnaies virtuelles. Fin 2017, ils ont littéralement explosé, atteignant un montant moyen de 55 dollars par transaction ! Ils sont aujourd’hui redescendus aux alentours de 3 dollars par transaction, selon le site spécialisé BitInfoCharts. Le pic atteint en décembre dernier coïncide avec une multiplication du nombre de transactions, due à l’arrivée d’une foule de nouveaux investisseurs, attirés par la flambée du cours du bitcoin. Confrontés à une forte demande, les mineurs ont fait monter les enchères, privilégiant les transactions pour lesquelles les investisseurs étaient prêts à payer des frais plus élevés.

Sur certaines plateformes, il est en effet possible de fixer au préalable les frais de minage que vous êtes prêt à payer. ” Plus vous payez cher, plus les mineurs seront susceptibles d’inclure rapidement votre transaction dans la liste des opérations qu’ils vont valider. S’ils sont confrontés à une forte demande, ils feront un arbitrage en faveur des transactions les plus rémunératrices “, explique Jean Wallemacq (Belgian Bitcoin Association). Si vous mettez le prix, votre transaction s’effectuera rapidement et vous récupérerez plus vite vos précieuses devises virtuelles. Si vous êtes moins pressé (et d’un naturel pas trop inquiet), vous pouvez opter pour des frais de minage plus doux. Mais la transaction prendra plus longtemps, parfois même plusieurs jours.

Sur les devises alternatives au bitcoin, les frais de minage sont moins élevés. A titre d’exemple, pour un achat effectué sur la plateforme néerlandaise AnyCoinDirect en date du 18 février, les frais de minage s’élevaient à 2,51 euros pour du bitcoin, 0,75 euro pour de l’ether, 0,11 euro pour du litecoin et 0,01 euro pour du neo.

Ces frais de minage sont fixes, quel que soit le montant de la transaction.

2. Frais liés à la méthode de paiement

“Le courtier se rémunère sur la différence entre le prix de vente et le prix d’achat tel que fixés par la plateforme.” Sami El Bouamri (Initio)© pg

Quoi ? Ce sont les frais qui dépendent du moyen de paiement utilisé : virement, carte de débit, carte de crédit, etc. Ces frais vont à la banque et aux intermédiaires de paiement.

Quand ? Ces frais sont dus lors d’un achat de monnaies virtuelles effectué en euros.

Combien ? Ces frais varient en fonction de la méthode de paiement. Les achats par carte de crédit et par carte de débit, qui permettent d’acquérir très rapidement des devises virtuelles, sont les plus onéreux. Les achats effectués par virement SEPA, qui prennent généralement deux à trois jours, sont meilleur marché.

Contrairement aux surcoûts liés au minage, ces frais ne sont pas forfaitaires : ils dépendent du montant de la transaction et représentent généralement un pourcentage de celle-ci. Le manque de transparence malheureusement affiché par la plupart des plateformes d’échange rend difficile, voire impossible, l’établissement d’un tarif moyen. Pour compliquer encore un peu les choses, ces frais versés aux intermédiaires ” classiques ” (banques, opérateurs de paiement) sont parfois agglomérés avec les frais versés à la plateforme elle-même ( voir au point 3).

Pour avoir un ordre d’idée, nous avons simulé un achat de 500 euros d’ether, le 18 février dernier, sur la plateforme AnyCoinDirect. Il fallait alors débourser 2,92 euros de frais pour un virement SEPA (soit 0,58 % du montant de la transaction) et 5,96 euros pour un paiement par Bancontact (1,19 %). Sur Coinbase, pour acheter le même montant d’ether avec une carte de crédit Visa ou Mastercard, il fallait compter 12,09 euros de frais (2,4 %).

La plateforme Coinbase, qui compte plus de 13 millions d’utilisateurs, est à couteaux tirés avec Visa et Mastercard. Elle déconseille actuellement à ses utilisateurs d’utiliser cette méthode de paiement en raison des surcoûts pratiqués. Du côté de Visa, on renvoie la balle aux banques, ” qui déterminent les frais qui s’appliqueront aux titulaires de cartes, le cas échéant. ” Chez BNP Paribas Fortis, on n’impose pas de surcoûts pour l’achat de monnaies virtuelles : ” Il n’y a pas de différenciation du coût pour le client sur base de ses achats “, souligne Valéry Halloy, porte-parole de la banque. D’où vient dès lors le surcoût dénoncé par les plateformes ? Probablement des frais supplémentaires imposés par leurs propres banques ou intermédiaires de paiement, en raison du risque lié au secteur très instable des cryptomonnaies. Des frais que les plateformes répercutent ensuite sur leurs clients.

3. Frais pour la plateforme d’échange

Quoi ? Ce sont les frais réclamés par la plateforme d’échange de monnaie virtuelle.

Quand ? Ces frais sont réclamés pour la plupart des opérations réalisées sur la plateforme : achat de devises virtuelles avec de l’argent classique (euros) ou avec d’autres devises virtuelles, transfert de monnaies virtuelles vers une autre plateforme ou un autre portefeuille.

Combien ? Ces frais dépendent de chaque plateforme. Les sites très fréquentés par les investisseurs débutants comme Coinbase sont loin d’être les moins chers. Pour acheter 500 euros de bitcoin à partir de Coinbase, comptez 4 euros de frais. Sur les grandes plateformes de trading comme Gdax, Binance ou Kraken, les frais sont moins élevés : ” Ils se rattrapent sur le volume d’opérations, qui est beaucoup plus important que sur des plateformes comme Coinbase “, pointe Jean Wallemacq (Belgian Bitcoin Association).

Par contre, sur ces plateformes de trading, il n’est pas toujours possible d’acheter des monnaies virtuelles à partir de devises classiques. Il faut donc d’abord disposer de cryptomonnaies très usuelles, comme le bitcoin ou l’ether, pour pouvoir faire son marché. Sur Binance, qui propose des centaines de cryptomonnaies, les frais de courtage sont fixés à 0,1 % du montant de la transaction. Sur Kraken, les frais varient entre 0 % et 0,36 %, en fonction de la monnaie et du volume achetés.

Une nouvelle plateforme fait actuellement beaucoup parler d’elle : Robinhood. Ce Robin des bois de la crypto a déjà attiré plus d’un million de pré-inscriptions en promettant du trading sans frais. Mais le financement – peut-être via un système d’abonnement – de ce nouvel outil n’est pas encore très clair.

4. Frais cachés

Quoi ? Ce sont les frais prélevés à votre insu par la plateforme d’échange.

Quand ? Sur tout achat ou vente de cryptomonnaies.

Combien ? Le montant de ces frais dépend du prix auquel vous achetez votre monnaie virtuelle. ” Le courtier se rémunère sur le spread, c’est-à-dire sur la différence entre le prix de vente et le prix d’achat tel que fixés par la plateforme “, explique Sami El Bouamri, senior consultant chez Initio, société de conseil spécialisée dans le secteur bancaire et financier. C’est un procédé comparable à celui d’un bureau de change classique, qui propose des euros contre des dollars et vice-versa. Des sites internet comme Coinmarketcap permettent de comparer les ” taux de change ” sur les différentes plateformes, afin de trouver la meilleure affaire du moment.

Partner Content