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Pourquoi la fragile bulle de l’art n’a toujours pas explosé

La bulle de l’art va-t-elle finir par exploser ? À force de voir des tableaux d’artistes contemporains partir à des prix astronomiques, plusieurs spécialistes prédisent – depuis des années – l’éclatement de cette bulle.

Les dernières ventes aux enchères à New York ou à Londres ont donné tort à ces spécialistes, jusqu’à présent. Pourquoi ? Parce qu’il y a une émergence de nouveaux milliardaires de par le monde, souvent en Asie et au Moyen-Orient, et que ces personnes veulent également avoir accès à ces oeuvres, véritables marqueurs sociaux de la classe des super-riches !

Et si les oeuvres de certains artistes contemporains ont tellement la cote, c’est parce qu’elles sont extrêmement bien marketées par les grandes maisons de ventes aux enchères et par les galeries d’art. Mais également parce que les grandes oeuvres du passé ne sont souvent plus disponibles et sont la plupart du temps déjà logées dans des musées occidentaux !

Ce qui est intéressant dans cette folie – je vise notamment le tableau “La Femme d’Alger” qui de l’avis des spécialistes n’est pas une oeuvre majeure de Picasso, mais s’est quand même vendu à 179 millions de dollars, il y a quelques mois – c’est que, d’après l’économiste Kenneth Rogoff, elle risque de s’arrêter brusquement ! J’évoque ce risque parce que Rogoff n’est pas n’importe quel économiste, il est l’un des plus brillants de sa génération et figure sur la liste des 10 prochains nobélisables.

Pourquoi la fragile bulle de l’art n’a toujours pas explosé

Cet économiste pense donc qu’il y a un danger que les Chinois – qui sont de grands amateurs d’oeuvres contemporaines – se retirent du marché. En effet, Kenneth Rogoff pense que ceux-ci ont animé à la hausse ce marché de l’art contemporain, parce que le marché de l’art est l’un des plus opaques au monde. Je le cite: “(le marché de l’art) est devenu un outil crucial de dissimulation du patrimoine et de fuite des capitaux pour les investisseurs des pays émergents”. Officiellement, les Chinois ne peuvent pas sortir de Chine plus de 50.000 dollars par an. Mais les Chinois fortunés ont trouvé le moyen de contourner cette interdiction, via les bonnes vieilles méthodes de surfacturation ou de sous-facturation entre la Chine et l’étranger.

L’économiste Kenneth Rogoff s’interroge donc: ‘le ralentissement économique chinois ne va-t-il pas avoir un impact sur ce marché de l’art artificiellement gonflé ?’ ‘Que se passera-t-il le jour où la Banque centrale américaine augmentera ses taux d’intérêt ?’ À défaut de prédire le futur proche, Rogoff pense qu’à plus long terme – puisque les prix sont déjà excessifs et qu’il y a un fort risque de voir les grands acheteurs chinois se retirer du jeu – l’éclatement de la bulle de l’art pourrait bien se produire. Et si c’est le cas, cela fera mal, très mal…

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