Dirk De Ruyver (FIT): “Nous attendions l’accord de libre-échange avec le Japon depuis longtemps”

Dirk De Ruyver © GF

L’Union européenne et le Japon créent la plus vaste zone de libre-échange au monde. “Cet accord exauce de nombreux souhaits de l’industrie européenne”, affirme Dirk De Ruyver, représentant économique flamand pour Flanders Investment and Trade (FIT) à Tokyo.

Quelle importance cet accord revêt-il ?

DIRK DE RUYVER. “Il s’agit d’un accord très important. Je travaille pour Flanders Investement and Trade à Tokyo depuis 22 ans et c’est l’accord que nous attendions depuis tout ce temps. Il exauce de nombreux souhaits de l’industrie européenne. Par exemple, certains chocolats sont encore soumis à un droit de douane de 29,8%. Celui-ci diminuera progressivement au cours d’une période transitoire de dix ans pour enfin disparaître. La concurrence suisse qui ne fait pas partie de l’Union européenne n’en profitera donc pas. Certaines barrières non tarifaires vont également tomber. Les deux parties ont convenu de reconnaître les normes et appellations de l’autre, une mesure non négligeable notamment pour l’industrie pharmaceutique.”

Pourquoi cet accord en cours d’élaboration depuis si longtemps voit-il le jour aujourd’hui ?

DDR. “Autrefois moins ouvert aux accords, le Japon a développé une économie d’exportation. La taxe de 10% qui frappait les importations de voitures japonaises n’a pas empêché les Nippons d’en écouler énormément. Aujourd’hui, le monde a changé. Premièrement, la Chine est entrée en scène. Deuxièmement, la Corée du Sud a conclu un accord avec l’UE. La pression exercée par la Chine et la Corée du Sud a boosté la disposition à conclure des accords. Tokyo ne veut surtout pas se retrouver dans une position de désavantage concurrentiel.”

L’accord va-t-il doper le commerce entre le Japon et la Belgique ?

DDR. “Oui, dans les deux sens. Les PME belges bénéficieront de tarifs à l’importation plus favorables. L’incertitude au sujet du Brexit et la politique commerciale américaine ont renforcé l’intérêt d’exporter vers le Japon. La Belgique va augmenter ses importations bien entendu, entre autres parce que le Japon va investir davantage en Belgique. Zeebrugge est par exemple une importante porte d’entrée en Europe pour Toyota.”

“En raison du Brexit, beaucoup d’entreprises nippones nous interrogent sur la possibilité de créer des centres de distribution et de recherche en Belgique ou d’y constituer des stocks. Traditionnellement, la moitié des investissements japonais en Europe transite par le Royaume-Uni, mais cette tendance est désormais nettement moins prononcée. Avec les Pays-Bas, la Belgique apparaît comme l’une des alternatives les plus évidentes pour les Japonais.”

Les consommateurs belges bénéficieront-ils de cet accord ?

DDR. “J’imagine, oui. Les droits de douane de 10% sur les voitures seront supprimés. Plusieurs modèles populaires, comme la Nissan Leaf électrique ou la Toyota Prius, viennent du Japon. D’autres produits pourraient suivre.”

L’accord permettra-t-il également aux entreprises belges de faire des affaires plus facilement au Japon ?

DDR. “C’était déjà plus facile ces dernières années. Avec le Premier ministre Shinzo Abe, le pays s’est davantage ouvert. Trouver des ingénieurs qui parlent anglais par exemple représente un véritable défi. Généralement, un Japonais est soit ingénieur soit anglophone. Les oiseaux rares qui combinent ces deux talents choisissent souvent de travailler pour de grandes multinationales japonaises. Mais l’installation d’un bureau au Japon s’opère sans grande difficulté. Et les paiements ne posent aucun problème. Les clients japonais estiment qu’il est important de régler leurs factures dans les délais. Il est donc agréable de faire des affaires ici.”

Traduction : virginie·dupont·sprl

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