Black Friday : “Il faut tendre vers une consommation plus responsable”

© Photo by Victor Garcia on Unsplash

Incontournable aux États-Unis, le Black Friday est devenu en l’espace de quelques années un événement consumériste en Belgique également. Décryptage avec Pierre-Yves Jeholet, le ministre wallon en charge de l’Économie.

C’est Noël avant l’heure dans nos mailbox et commerces. La raison ? Le vendredi qui suit Thanksgiving (le quatrième jeudi du mois de novembre), de nombreuses marques et boutiques cassent leurs prix sur une sélection d’articles au grand bonheur des chalands parfois hystériques de l’autre côté de l’Atlantique.

Le Black Friday tire son nom de l’encre noire utilisée par les tenanciers des magasins en ce jour J qui marquait le coup d’envoi des achats de Noël et leur permettait de sortir du rouge grâce à une hausse de leur chiffre d’affaires. D’autres théories renvoient à cette marée humaine noire qui se bouscule dans les centres commerciaux ou encore aux embouteillages qui se forment sur les routes lors du long week-end de Thanksgiving aux États-Unis.

À l’origine, les promotions n’étaient pratiquées que sur Internet et ne duraient qu’un seul jour. En 2017, les Belges ont dépensé 46% de plus qu’un vendredi normal, contre 72% pour les Européens. Mais les prix au rabais envahissent désormais les boutiques physiques dans tous les secteurs et s’étalent sur une semaine. Dans ce contexte, nous avons interrogé Pierre-Yves Jeholet, le ministre wallon en charge de l’Économie.

Consommation ou surconsommation ?

Pierre-Yves Jeholet : “Consommation. Il faut tendre vers une consommation plus responsable et une croissance économique moins polluante que celle d’hier. Personnellement, j’essaie toujours de me poser et de réfléchir pour éviter les achats compulsifs, surtout en période de soldes ou de Black Friday.”

Gagnants ou perdants ?

“Gagnants avec une nuance. Le Black Friday peut constituer une aubaine pour notre économie et nos commerces, ainsi que pour le consommateur qui peut acheter les cadeaux de Noël à l’avance ou se faire plaisir à moindres frais. Mais nous devons veiller à ce que la prolifération des événements de ce type ne pèse pas sur les marges des commerçants, des indépendants et des artisans.”

Europe ou États-Unis ?

“Les deux. L’Europe est le marché naturel de nos entreprises, mais il est important de continuer à développer la grande exportation vers des destinations plus lointaines. En Europe, nous avons de bons produits, mais il m’arrive de consommer des biens américains. Tout est une question de qualité et d’efficacité.”

En ligne ou hors ligne ?

“Les deux également. En ma qualité de ministre de l’Économie et du Numérique, je suis bien entendu convaincu que le commerce en ligne doit encore se développer, tout en préservant les activités de nos commerçants et indépendants qui ont pignon sur rue. Les deux ne sont pas incompatibles et doivent même cohabiter. Nous devons soutenir cette transition et la Wallonie ne doit pas rater le coche de l’e-commerce. Personnellement, j’essaie néanmoins de privilégier les achats hors ligne et les commerces de proximité. J’aime me rendre sur le marché local et j’apprécie le contact avec les commerçants.”

Croissance ou décroissance ?

“Croissance. Je suis pour l’augmentation durable de la production des biens et des services. Pour une croissance qui contribue à augmenter le bien-être général, qui crée de l’activité et des emplois, sans mettre en péril les enjeux écologiques et sociétaux.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content