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Quand les assureurs scrutent leurs clients sur les réseaux sociaux

Aux Etats-Unis, les assureurs scrutent leurs clients sur les réseaux sociaux. Le danger de cette nouvelle pratique, c’est qu’elle risque demain de laisser une partie de la population avec des primes hors de prix ou…. sans assurance.

C’est quoi au fond le métier d’assureur ? C’est mettre un prix sur un risque, et ce prix, c’est la prime que nous payons. Vieux comme le monde, le métier d’assureur est en train d’être chamboulé par la révolution numérique. La prime que nous devrons payer sera de plus en plus précise, ce qui veut dire que les bons risques paieront une prime plus faible et les mauvais risques une prime plus élevée.

Vous me direz que c’est déjà le cas. Oui, c’est vrai, mais cette différence sera encore plus élevée à l’avenir et les mauvais risques ne pourront plus se cacher comme auparavant derrière les bons risques. La preuve avec deux nouvelles initiatives à l’étranger. Le magazine Challenges évoque comment la société Generali a mis à disposition de ces courtiers durant ce premier trimestre une carte interactive – en cliquant sur votre domicile ou sur le siège de votre société, le courtier pourra savoir immédiatement quel est votre niveau d’exposition aux catastrophes naturelles, style inondation. Cette cartographie était déjà utilisée aux Antilles, mais désormais, elle sera aussi disponible pour la France hexagonale. Pour l’assureur, l’objectif avoué, c’est de prévenir les catastrophes naturelles, d’alerter les clients le plus vite possible et de lancer plus rapidement les réparations et indemnisations. Selon Generali, les clients qui sont prévenus en amont peuvent limiter les dégâts, mais aussi redémarrer plus vite la production, ce qui limite les pertes d’exploitation. L’autre atout de cette cartographie très originale et très fouillée, c’est qu’elle permet à l’assureur de visualiser sa concentration géographique des risques de manière très précise. En principe, cela pourrait donc déboucher sur une sélection des risques plus drastiques que par le passé. Mais comme toujours les assureurs jurent la main sur la bible que ces nouvelles technologies ne sont pas là pour cela, que c’est la prévention qui compte, et que les clients en zone à risque resteront dans le portefeuille. C’est sans doute vrai aujourd’hui, mais pour combien de temps encore ?

Autre exemple récent selon Les Echos : à New York, les habitants devront désormais réfléchir à deux fois avant de publier des photos d’eux sur les réseaux sociaux. Gare à vous si par exemple, vous publiez une photo de vous en train de fumer. En revanche, si vos photos vous montrent en tenue de sport, c’est bon signe pour votre assureur. D’autres assureurs peuvent scruter votre géolocalisation et regarder si vous êtes à la salle de gym ou en train de boire un verre dans un bar. En clair, les assureurs américains, sans le dire ouvertement, scrutent déjà les réseaux sociaux pour essayer de mieux évaluer le risque de leurs clients. Avec ces deux exemples, on vient de le voir, l’assureur a de plus en plus d’informations sur nous et notre risque réel, et à force de dévoiler notre vie sur les réseaux sociaux, nos primes vont baisser pour les plus vertueux d’entre nous, quant aux autres leurs primes exploseront ou ils ne seront plus assurés.

On n’en est pas encore là aujourd’hui, mais les assureurs ne sont pas des philanthropes, et ce n’est sans doute qu’une question de temps. Autant le savoir et faire attention à ce qu’on publie sur les réseaux sociaux. D’autant que le fisc aussi se montre très indiscret. Je le répète souvent autour de moi, le vrai luxe de demain, ce sera l’anonymat.

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