Comment la maison en bois s’est engagée sur une pente commerciale ascendante

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Environ 10 % des Belges se laisseraient séduire par ce type de construction. Serait-il temps de revoir le conte des “Trois Petits Cochons” ?

Culture à bâtir

Ce n’est pas un cliché : les forêts ardennaises sont d’une grande richesse. ” Notre bois est à ce point de qualité que l’on exporte 60 % de notre production à l’étranger “, souligne Hugues Frère, le directeur de Hout Info Bois, le centre national d’informations techniques sur le bois. Si le matériau végétal jalouse le statut immuable de la brique en Belgique, c’est donc en partie dû au manque de formation ” bois ” des architectes belges, assure Hugues Frère. ” Leurs projets ont longtemps snobé l’utilisation de ce matériau “, reconnaît-il. Cette faible attirance du Belge pour le bois résulte aussi de ce préjugé – erroné – que ce type de construction est moins solide que le conventionnel.

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Tendance qui marche

Proche des 9 % de parts du marché de la construction, le bois a le vent en poupe depuis une quinzaine d’années. Le sentiment de bien-être suscité par ce matériau noble est souvent cité comme motivation principale des acheteurs. ” Surtout, le bois s’inscrit parfaitement dans la mouvance environnementale actuelle pour ses aspects renouvelable et biodégradable “, précise Hugues Frère. Rapidement bâties, les habitations sont isolées, durables et ignifuges – ” les assurances ne font d’ailleurs pas de différence entre les maisons en bois et les constructions traditionnelles “, souligne Hugues Frère. En moyenne 5 % plus chère que les autres types de constructions, la maison en bois peut toutefois présenter une faible inertie thermique. Elle peut rapidement accumuler la chaleur et a du mal à se rafraîchir. D’où l’intérêt de la mixité des matériaux utilisés.

Cinq systèmes modulables

Ses possibilités esthétiques et son rendu moderne font de l’ossature bois le système constructif (en bois) le plus demandé du pays. A ses côtés, quatre autres techniques se font progressivement une place. Le ” madriers empilés ” donne un style Nouvelle-Angleterre avec ses murs qui emboîtent des poutres de bois massif ou en lamellé-collé. Le système ” poteaux/poutres ” est constitué d’une structure autoportante revêtue d’autres matériaux. De plus en plus populaire, le Cross Laminated Timber (CLT) est une technique qui permet de coller ou de clouer des planches perpendiculairement pour rendre le résultat plus solide. ” Les grands voiles de bois obtenus sont stables, aérés et favorisent une architecture complexe “, explique Bruno Riche, administrateur de Stabilame, seule entreprise du Benelux à produire du CLT, et aussi spécialisée dans la vente de kits de bois taillé.

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Spécialisation et projets

La vente de kits de bois taillés fait partie des nouvelles attributions des constructeurs bois. ” Nous commerçons en France, en Suisse et au Canada, note l’administrateur de Stabilame. De quoi nous faire entrer en concurrence avec les fabricants finlandais et autrichiens. ” L’entreprise wallonne s’est aussi lancée dans les réalisations d’exception, telles que les pagodes du domaine de Chevetogne ou une crèche flottante à Nantes. Son dernier grand chantier ? Un hôtel de 3.500 m2 construit sur cinq niveaux près de Lille, avec 42 chambres, de la permaculture sur le toit et une bergerie dans les jardins.

Industrialisation

Finie l’image du menuisier qui prend sa malle pour travailler sur le chantier, le travail du bois s’industrialise de plus en plus. ” Les exigences de performances des maisons ont augmenté, ce qui facilite l’avènement du préfabriqué, réalisé en atelier dans des conditions complètement contrôlées “, détaille Hugues Frère, directeur de Hout Info Bois. Il y a quelques mois, la société Stabilame a ainsi déboursé cinq millions d’euros pour s’offrir deux lignes de fabrication. Hydraulique, la première presse comprime et colle les planches en bois pour produire 15.000 m3 par an, soit plusieurs centaines de maisons. La seconde presse, à membranes, courbe le bois pour construire des murs arrondis.

En chiffres

17,2 %

Les maisons en bois auraient un impact 17,2 % moins important sur le réchauffement climatique que les constructions en béton.

10 jours

Trois hommes montent une maison en bois de 200 m2 en 10 jours, contre un an pour un bâtiment traditionnel.

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