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L’accès à la propriété immobilière, une utopie pour les jeunes?

Les jeunes pourront-ils encore se payer un appartement ou devront-ils patienter quelques années de plus avant de pouvoir acheter leur premier logement? C’est la question qui se pose cette semaine après la déclaration du gouverneur de la Banque nationale de Belgique, l’homme qui contrôle les banques en Belgique.

Pour sa première conférence de presse, Pierre Wunsch, le nouveau gouverneur de la BNB n’a pas tourné autour du pot.

Il a clairement dit son insatisfaction à l’égard du comportement des banques commerciales en Belgique. Et quand un gouverneur montre qu’il est insatisfait, c’est qu’il est en réalité mécontent.

Mécontent de quoi ? Du fait que les banques commerciales continuent à se livrer une concurrence féroce sur le marché des crédits hypothécaires, alors que cette concurrence pèse sur leurs marges.

Or, justement, le rôle premier de la BNB, c’est de veiller à la santé financière des banques dont elle a le contrôle prudentiel. Et prudentiel veut dire prévenir. Raison pour laquelle, depuis quelques années déjà, la BNB impose aux banques belges des coussins financiers supplémentaires lorsqu’elles accordent des crédits hypothécaires.

Mais il faut croire que ces précautions n’ont servi à rien, car la croissance du crédit hypothécaire reste trop élevée en Belgique, au point que l’endettement moyen des ménages belges est aujourd’hui de 60%, soit plus que la moyenne européenne qui est de 58%.

Ces chiffres ont alerté la BNB qui demande aux banques de freiner cet endettement, d’autant qu’il se fait au détriment de leurs propres marges.

Du côté des banques, c’est l’étonnement. Lorsque la presse les interroge, elles disent toutes qu’elles sont dans les clous, qu’elles sont prudentes. Mais la réalité du terrain montre que bien souvent, les banques prêtent plus que la quotité de 80% qui est considérée comme raisonnable.

La faute à qui ? A la concurrence entre banques, car le prêt hypothécaire est un produit d’appel qui permet de capturer le client pendant 20 ans.

Pour les plus jeunes, l’accès à la propriété immobilière ne sera pas interdit, mais plus tardif. Il faudra épargner, comme nos parents l’ont fait avant nous!

De son côté, Febelfin, l’association des banquiers, trouve que la réaction de la BNB est saine, et que comme le secteur n’arrive pas à s’autoréguler, autant que ce soit la BNB qui siffle la fin de la récréation.

D’ailleurs, le nouveau ministre des finances, Alexandre De Croo, va dans le même sens et attend que la BNB fasse des propositions en ce sens.

Bien entendu, il ne faut pas se leurrer, si les conditions d’octroi des prêts hypothécaires se durcissent, la demande chutera. Du côté des hommes politiques, ce genre de durcissement n’est pas vu d’un bon oeil, notamment dans les villes qui essaient d’attirer de jeunes couples.

En clair, le danger, c’est que les exonérations des droits d’enregistrement mises en place par les régions pour faciliter l’accès au premier logement risquent d’être anéanties par le durcissement des conditions d’octroi des prêts hypothécaires. Mais c’est sans doute le rôle de la BNB d’éviter que notre pays ne se retrouve dans une bulle immobilière comme aux Pays-Bas, il y a quelques années.

Il faut cependant rester optimiste, les défauts de paiements sur les crédits hypothécaires ne dépassent pas 1% en Belgique, et la plupart de nos compatriotes optent massivement pour des taux fixes, autrement dit, en cas de hausse des taux, ils ne seront pas étranglés comme c’était le cas en Espagne ou en Grande-Bretagne.

Mais, c’est vrai, pour les plus jeunes, et notamment ceux et celles qui n’ont pas la possibilité d’avoir un coup de pouce parental, l’accès à la propriété immobilière ne sera pas interdit, mais plus tardif. Il faudra épargner, comme nos parents l’ont fait avant nous !

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