Le vélo électrique est-il une vraie alternative à la voiture?

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Les concepts de mobilité de demain offrent une place significative au vélo (électrique). Mais, comme c’est souvent le cas, ils sont l’oeuvre de scientifiques déconnectés de la réalité. En revanche, le journaliste automobile Erik Klerckx utilise régulièrement son vélo électrique pour se déplacer.

Les embouteillages et la mauvaise qualité de l’air nous incitent à délaisser la voiture au profit de modes de transport respectueux de l’environnement tels que les transports en commun, le covoiturage et oui, le scooter ou le vélo, électrique ou non. Le journaliste automobile Erik Klerckx a utilisé un vélo électrique pour ses déplacements de tous les jours pendant un an. L’heure est au bilan.

Le vélo (électrique) représente-t-il une vraie alternative ?

“Oui et non. Oui : si vous n’êtes pas en sucre, car il faut affronter les intempéries. Il faut également aimer rouler à vélo, sinon ce n’est même pas la peine de l’envisager. Le vélo électrique et certainement le speed-elec (comprenez : le vélo électrique rapide) vous aident à gérer un certain nombre de difficultés comme le vent de face ou les pentes abruptes. Si vous restez dans un rayon de 30 km, vous évitez les pertes de temps liées aux embouteillages ou à la recherche d’une place de parking et vous n’êtes pas H.S. à l’arrivée. Ce qui ne veut pas dire que l’assistance électrique est de tout repos. Il faut pédaler sur un speed-elec et si vous êtes pressé, il faut même pédaler beaucoup. Dans le cadre des déplacements domicile-lieu de travail, il serait intéressant que les employeurs installent des douches et des bornes de recharge.”

“Non, vous ne pouvez pas vous rendre au parc à conteneurs à vélo. Et faire les courses n’est pas une mince affaire. C’est possible, moyennant un bon réseau de pistes cyclables, ce qui n’est manifestement pas une option envisageable en Flandre. Même dans le Limbourg, qui a presque fait du vélo son core business, les pistes cyclables (régulières ou nouvelles) sont mal entretenues ou mal aménagées. Seules celles qui sont dédiées au tourisme sont plus ou moins en bon état. Sur les pistes cyclables régulières, les kilos de courses sont une vraie torture pour le vélo. Si chacune de celles-ci passait l’épreuve du roller, vous pourriez déposer vos courses sur le porte-bagages ou dans un chariot à vélo.”

Un supplice pour le vélo et pour le cycliste

Le gouvernement déploie-t-il suffisamment d’efforts pour nous convaincre d’échanger notre voiture contre un vélo (électrique) ?

“Si l’on veut que les gens enfourchent leur vélo, il faut leur donner la possibilité de le faire et leur fournir des infrastructures cyclables dignes de ce nom. Je fais régulièrement du vélo dans le Limbourg. Il y a des infrastructures, certes, mais elles sont dans un état lamentable. Le gestionnaire des voiries ne se rend visiblement pas compte que les bouches d’égout, l’écoulement des eaux, les dalles de béton inégales ou encore les trous sont un supplice à la fois pour le vélo et pour le cycliste. La conception des carrefours et des ronds-points et l’installation de poteaux sur les pistes cyclables indiquent que le gestionnaire des voiries ignore complètement la réalité sur un vélo. Apparemment, le raisonnement est le suivant : il y a des pistes cyclables, alors nous n’allons quand même pas nous plaindre, si ?”

“La nuit, il faut multiplier tous ces inconvénients par trois, car les pistes cyclables sont souvent mal éclairées, voire plongées dans l’obscurité la plus totale. Les cyclistes pourraient dénoncer le gouvernement plusieurs fois par jour pour négligence coupable. Je suis étonné que personne ne le fasse, bien que je ne sois jamais passé à l’acte moi-même. Dans le triangle Gand-Louvain-Anvers, des tentatives d’aménager des véloroutes voient le jour, mais tant que les cyclistes ne bénéficient pas d’un trajet agréable et non conflictuel, sans arrêt aux carrefours par exemple, il n’y a pas vraiment de quoi se réjouir. Rouler à vélo en ville est et reste dangereux. Les automobilistes ne veulent pas délibérément mettre les cyclistes en danger, mais ils n’ont tout simplement pas l’habitude de prendre en compte le facteur vélo dans la circulation.”

Le vélo offre plus de liberté que la voiture

Que devrait-on changer pour parvenir à une bonne politique cycliste ?

“Changer ? Il n’y a tout simplement pas de politique. Des changements ne peuvent être apportés que si l’on identifie clairement les facteurs en cause et le pourquoi. Sait-on à partir de quelle distance le vélo se révèle une bonne alternative ? Non. A-t-on déjà étudié les possibilités vélo-transports publics ? À peine. Le gouvernement a-t-il déjà examiné l’impact positif sur la santé des citoyens si ceux-ci faisaient régulièrement du vélo ? Pensez à la réduction des particules fines et à l’amélioration de la condition physique et/ou de la résistance à toutes sortes d’infections. Le gouvernement n’a pas la moindre idée de tous ces bienfaits. Mais il sait que le conducteur d’un speed-elec doit porter un casque. Et comment le sait-il ? Je conseille au gouvernement de laisser tomber les mesures qui rendent le vélo moins attrayant.”

“Je m’explique : pourquoi ai-je besoin, contrairement au cyclotouriste derrière moi, d’une assurance, d’une plaque d’immatriculation et d’un casque avec mon speed-elec. C’est typiquement belge, il existe une kyrielle de lois : vélos couchés avec ou sans carénage, vélos 250W, vélos-cargos, vélos électriques bricolés, vélos hybrides, tout est réglé dans les moindres détails. Ou pas, lorsque ces modèles font profil bas. Tout ça n’est pas clair et n’incite en rien à enfourcher son vélo. Il n’y a pas de certitude juridique. C’est blanc aujourd’hui et ce sera probablement noir demain.”

Vous regrettez d’avoir fait l’acquisition d’un vélo électrique ?

“Non, j’apprécie beaucoup le vélo. Je suis à nouveau maître de la durée de mon trajet, j’entends et je respire mon environnement, tout en faisant de l’exercice. L’obligation d’avoir des yeux derrière la tête rend les choses encore plus excitantes. Le vélo offre plus de liberté que la voiture. Mais une chose est sûre : si je n’avais qu’un vélo, je serais, au vu de l’organisation actuelle de la société, mis à l’écart. Les cyclistes qui arborent un petit panneau avec une voiture en moins sur leur selle se font des illusions.”

Traduction : virginie·dupont·sprl

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