Le “slow flower”, des fleurs éthiques et de saison

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Venu d’outre-Atlantique, le “slow flower” gagne lentement du terrain en Europe. A l’instar de la “slow food”, le concept entend appliquer aux fleurs les notions d’éthique, de proximité et d’écologie. Chez nous, l’ex-journaliste Amandine Maziers fait, avec sa boutique en ligne Haut les coeurs, partie des rares pionnières.

Les fleurs traditionnelles: un marché peu éthique…

Si les occasions d’offrir un bouquet sont légion, peu s’interrogent sur l’origine des fleurs. Or, 80,7 % viennent des pays du Sud et sont rarement produites de manière éthique. Selon l’ONG néerlandaise Hivos, qui a lancé la campagne Power of the Fair Trade Flower, la majorité des tâches sont effectuées par des jeunes femmes, pour un salaire minimum de 1,25 euro par jour au Kenya, 0,96 euro en Tanzanie ! De plus, elles travaillent dans des conditions pénibles, avec des produits chimiques utilisés sans précaution et de nombreux cas d’abus sexuels.

… et peu écologique

En 2014, une étude de Greenpeace menée dans 10 pays d’Europe a révélé que 79% des fleurs vendues dans nos commerces étaient contaminées aux néonicotinoïdes, qui déciment les abeilles ! Pesticides auxquels sont aussi exposés les fleuristes… Autre point noir : la consommation massive d’eau. Au Kenya, par exemple, l’industrie de la rose est à l’origine de l’assèchement du lac Naivasha. Enfin, pour arriver jusqu’à nos étals, ces fleurs sont transportées en avion et ou en camion réfrigéré.

Le “slow flower”, c’est…

On ne boycotte pas les fleurs, ressource économique indispensable de nombreux pays, mais on les achète mieux, en misant sur des fleurs issues du commerce équitable. Et du local, et du bio, c’est encore mieux ! C’est avec cette démarche que l’ex-journaliste Amandine Maziers a créé il y a un an et demi Haut les coeurs, le premier fleuriste (en ligne) de Bruxelles à proposer des bouquets de saison, locaux et bios. Avec livraison à vélo. ” Pour l’instant, je ne propose des bouquets à livrer que le mardi et le vendredi. Le reste du temps, je bosse à la commande et sur des événements, ma source de rentrées principale. Je n’ai pas de magasin car je ne dispose pas d’un stock suffisant en permanence. Quand j’ai démarré, il n’y avait que deux maraîchers bios à Bruxelles qui proposaient des fleurs. Il y en avait quelques-uns en Flandre, aucun en Wallonie. Contrairement au circuit traditionnel, il n’existe pas de marché. Je me rends donc directement chez les cultivateurs et je dois parfois cueillir les fleurs moi-même. Mais ça se développe. Il y a désormais plus de sources d’approvisionnement. Je travaille aujourd’hui avec cinq producteurs (trois bios et deux en agriculture raisonnée). Le secteur est en expansion. Tout en train de se créer. “

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Une clientèle 100% bobo ?

” Il y a évidemment une clientèle déjà hyper conscientisée, explique Amandine Maziers, mais à côté de ces écologistes convaincus, il y a beaucoup de gens qui sont simplement séduits par le côté esthétique, naturel des bouquets. Je couvre presque tout Bruxelles, auprès de gens d’âge divers, de 30 ans aux seniors. “

La force des réseaux sociaux

Il existe une large communauté très active autour du slow flower sur les réseaux sociaux. ” On se suit et on se pousse les uns les autres, sur Instagram entre autres, raconte Amandine Maziers. Les adeptes du slow flower mènent plusieurs combats : pour l’instauration d’un système de traçabilité dans le secteur floral, comme dans l’alimentation ; pour la suppression des mousses vertes utilisées pour les compositions florales qui, non recyclables, sont une grosse source de pollution. “

En toute saison

Quelles fleurs en quelle saison ? En automne : asters, chrysanthèmes, cyclamen, iris… En hiver : hellébores, amaryllis, azalées, crocus… Au printemps : alliums, arums, freesias, campanules, pivoines, tulipes, narcisses, muscaris, muguet, iris, renoncules, anémones, lilas, pâquerettes, jacinthes… En été : gerberas, roses, gypsophiles, hortensias, oeillets, glaïeuls, zinnias, dahlias, lavandes, achillées, pivoines, tournesols, arums, lys, marguerites… ” En travaillant avec des fleurs de saison et locales, on découvre un vaste patrimoine : des fleurs oubliées, qu’on ne voit d’ordinaire jamais dans des bouquets, commente la fleuriste. Constituer des bouquets en hiver est par contre un casse-tête car il y a moins de fleurs dans les champs et il faut parfois se rabattre chez les grossistes classiques, où les fleurs rarement bios et, encore moins, locales. ”

Par Sigrid Descamps.

35 euros

Le prix d’un bouquet bio et local sur www.hautlescoeurs.be

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