La Chine, premier producteur d’acier et d’aluminium, fustigée pour son “dumping”

Usine d'acier en Chine. © REUTERS

La Chine, premier pays producteur mondial d’acier et d’aluminium et accusée lundi par le Canada de “dumping”, se débat avec de colossales surcapacités sidérurgiques et un gonflement continu de son offre, bien qu’elle vante ses efforts de rééquilibrage.

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a accusé lundi les Chinois d’inonder le marché mondial d’aluminium et d’acier à prix cassés, une “concurrence déloyale” pour les sidérurgistes nord-américains.

Le géant asiatique est également dans le viseur du président américain Donald Trump, qui a annoncé de lourds droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium des Etats-Unis.

La Chine produit environ la moitié de l’acier mondial (49,2% en 2017, selon la World Steel Association, la fédération internationale du secteur), même si elle ne fournit qu’environ 2% de l’acier importé par les Etats-Unis.

Les aciéries chinoises, pour l’essentiel des groupes étatiques endettés et minés par le ralentissement économique, ploient sous de colossales surcapacités : selon la World Steel Association, la production d’acier y a encore gonflé de 5,7% l’an dernier, passant à 831,7 millions de tonnes.

Les Etats-Unis et l’Union européenne fustigent volontiers la surproduction chinoise d’acier, qui a fortement déprimé les cours mondiaux ces dernières années, et ils dénoncent les subventions publiques octroyées à ce secteur en Chine.

Cette dernière reconnaît le problème, mais souligne “ses mesures concrètes” pour s’y attaquer : elle assure avoir réduit l’an dernier de plus de 50 millions de tonnes ses capacités de production.

Pollution

Face aux pressions occidentales, la Chine s’était engagée à sabrer ses capacités dans l’acier -qui dépassaient 1,1 milliard de tonnes en 2016- de 150 millions de tonnes entre 2016 et 2020, objectif qui pourrait être atteint dès cette année.

Ces réductions ont été renforcées dans le cadre d’une vaste campagne contre la pollution, tandis que, parallèlement, la consommation intérieure d’acier connaissait un net sursaut.

Dans ce contexte, les exportations chinoises d’acier ont chuté de 30,5% l’an dernier, à 75,4 millions de tonnes, selon les douanes chinoises. Elles ont encore plongé de 27% sur un an sur les deux premiers mois de l’année.

Mais le contexte général n’a guère évolué, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : “Certains gouvernements continuent de subventionner (…) la sidérurgie, exacerbant les déséquilibres entre offre et demande”, a-t-elle déploré la semaine dernière, sans citer de pays.

La Chine est également fustigée pour ses fortes surcapacités dans l’aluminium -utilisé aussi bien dans l’industrie automobile et aéronautique que pour les canettes de sodas. Le géant asiatique représente à lui seul plus de la moitié de l’offre mondiale.

Pékin a certes enjoint les fonderies de 28 grandes villes du nord de la Chine d’abaisser de 30% leur production d’aluminium entre novembre et mars, dans un souci de réduire la pollution atmosphérique hivernale.

Mais d’autres nouveaux sites de production continuent d’ouvrir dans ce pays, augmentant encore davantage ses capacités déjà largement excédentaires.

Les exportations d’aluminium de la Chine pour les deux mois de janvier-février ont bondi de 26% sur un an, à 817.000 tonnes, selon les douanes chinoises.

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