“Le gouvernement parvient moins qu’avant à sortir des personnes de la pauvreté avec la redistribution des richesses”

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C’est ce qu’il ressort d’une étude du Centre pour la recherche sociologique de l’Université de Leuven (KUL). Ce dernier s’est penché sur la situation de la classe moyenne inférieure en Belgique, à la demande des groupes de réflexion Minerva et Decenniumdoelen, une coalition de treize organisations (dont des syndicats et mutualités) contre la pauvreté.

Les scientifiques ont réalisé une étude comparative de trois enquêtes menées dans les ménages belges, soit le panel économique social (en 1985, 1988 et 1992), un panel européen (European Community Household Panel, 1994-2001), ainsi que l’enquête EU-SILC (2005-2017). Ils ont ensuite répertorié les revenus et conditions de vie de la population belge sur 30 ans.

L’étude se penche sur la classe moyenne dite inférieure, soit les tranches de revenus les plus basses de la classe moyenne. Celle-ci est restée stable en termes de taille: environ 18% de la population belge depuis les années 2000, contre 21% en 1985. A titre de comparaison, le nombre de personnes en situation de pauvreté a lui fortement augmenté: de 9,8% en 1985 à 15,9% en 2016. La classe moyenne centrale a elle baissé, de 38,4% à 32,8% tandis que la classe moyenne supérieure est restée stable, autour de 28% de la population.

La composition de la classe moyenne inférieure a toutefois bien évolué. Ce groupe a considérablement vieilli et “la part de familles monoparentales et de personnes isolées a presque triplé en 20 ans”, explique le chercheur Wim Van Lancker. Par ailleurs, bien que davantage de retraités appartiennent à la classe moyenne inférieure, il semble que leur niveau de vie soit plus élevé que la population active de la même classe. Ceci s’explique parce qu’ils sont souvent propriétaires de leur logement, qu’ils ont en outre fini de payer.

Les personnes en âge de travailler de cette classe sont moins souvent propriétaires d’une habitation, et la majorité des propriétaires doivent encore s’acquitter du payement de leur maison. En outre, les salaires de la classe moyenne inférieure croissent moins vite que ceux ayant des revenus plus élevés.

“Par rapport à 1985, l’effet de la redistribution des richesses a drastiquement changé”

Cependant, la classe moyenne inférieure représente souvent, pour la population active, une étape plutôt qu’une destination finale. La mobilité sociale – qui permet de gravir ou de descendre des échelons – est la plus importante de toutes les tranches de revenus. Alors que 34% de cette population active grimpe dans les classes sociales, 21% tombe dans la pauvreté. “Ceux qui chutent sont surtout les personnes peu éduquées, les locataires et les chômeurs”, explique M. Van Lancker. L’action du gouvernement s’est, elle, amenuisée. Par rapport à 1985, l’effet de la redistribution des richesses a drastiquement changé.

A cette époque, après redistribution, 33% des personnes en situation de pauvreté et 34% des personnes dans la classe moyenne inférieure amélioraient leur situation. En 2016, ces proportions ont chuté respectivement à 28 et 27%. Ceci alors que de plus en plus de personnes voient leur situation s’aggraver. En 1985, 17% sont tombées dans la pauvreté à la suite de l’intervention du gouvernement. Ce chiffre a atteint 28% en 2016. Il faut noter que la recherche ne prend en compte que les revenus et non les actifs car il n’existe pas suffisamment d’informations historiques pour effectuer une comparaison.

“Les actifs devraient changer l’image de la classe moyenne inférieure, notamment pour les pensionnés qui se porteraient encore mieux”, souligne M. Van Lancker. “L’inverse vaut également: les dettes ne sont pas répertoriées. Une grande partie de la population active est endettée et donc leur niveau de vie se dégraderait.”

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