Les risques économiques de la peste porcine en 3 questions

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La peste porcine africaine, qui menace de toucher les élevages français après la Belgique est une maladie sans vaccin ni traitement qui représente un grave risque économique pour la filière, explique Jean-François Treguer président de l’Association sanitaire régionale bretonne.

D’où vient la peste porcine africaine (PPA), qui a été détectée en Belgique sur des sangliers?

La peste porcine africaine est présente depuis 4 ou 5 ans dans les pays de l’est de l’Europe. On savait que le risque d’évolution était très fort. La question n’était pas de savoir si la PPA allait arriver, mais quand elle allait arriver.

On imaginait que l’Allemagne serait la première touchée, vue la grande concentration d’élevages porcins dans le pays. Les Allemands étaient en train de s’organiser pour que la maladie n’arrive pas chez eux. Mais la PPA a franchi 1.000 km d’un coup en arrivant en Belgique.

La filière porcine française est très inquiète depuis plusieurs mois, notamment en Bretagne qui représente 60% de la production porcine. La PPA représente un risque économique énorme: ça peut remettre en cause la pérennité de la filière. Les éleveurs sont très engagés dans la prévention.

Comment la maladie se transmet-t-elle?

C’est une maladie qui touche uniquement les suidés, c’est à dire les porcs et les sangliers. Elle ne représente aucun risque pour les autres filières, ni pour l’homme, même s’il mange de la charcuterie contaminée.

Elle peut se transmettre de plusieurs façons: soit par contact d’un animal à un autre, soit par les transports, par un véhicule qui a circulé dans un territoire contaminé, soit par l’alimentation: la viande de porc ou la charcuterie selon la cuisson.

Le scénario catastrophe serait un chauffeur routier polonais ou bulgare qui arrive en France avec un casse croûte contenant de la charcuterie venant d’une région contaminée de son pays, jette ce qu’il n’a pas consommé par la fenêtre, ou même dans une poubelle et qui est ensuite mangé par un sanglier.

Car un des risques majeurs aujourd’hui c’est la faune sauvage, avec la prolifération des sangliers. Il y a aussi des sangliers d’élevage venus de Pologne et introduits par dizaines pour satisfaire un certain type de chasse, en passant entre les mailles du filet. C’est pourquoi tout le réseau des Fédérations de chasse est un acteur majeur dans la protection contre cette maladie. En Allemagne il y a par exemple des campagnes massives d’abattage de sangliers pour éviter que la maladie ne se propage.

Quels sont les signes de la maladie, et comment peut-on lutter contre elle?

Il n’y a ni vaccin, ni traitement. Au début les animaux présentent de la fièvre, puis il y a des phénomènes d’avortements suivis de mortalité.

Si un élevage est victime de PPA, il y aura abattage total, désinfection, mise en place d’un périmètre de sécurité et de la maîtrise du mouvement des animaux, ainsi que des contrôles de tout ce qui entre et sort de l’exploitation agricole, notamment l’aliment.

La PPA fait partie des maladies de catégorie A, ce qui implique notamment une éradication immédiate, mais on ne s’interdit aucune nouvelle mesure.

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