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“Pourquoi les impôts ne diminuent jamais”

Le gouvernement wallon vient de présenter, avec fierté, son budget pour 2019. Il a fait remarquer avec emphase qu’il ne comporterait aucune augmentation d’impôt et semble fort satisfait de cette déclaration.

A supposer qu’elle soit exacte, cette annonce est pourtant, si on réfléchit, fort surprenante. Il s’agit d’un gouvernement présidé par un MR, qui a succédé, après d’âpres discussions et un retournement de la part de son allié cdH, à un exécutif dirigé par un socialiste. L’expression ” rage taxatoire ” ne semble pas avoir été prononcée, mais il paraît logique qu’un président d’un parti qui se présente encore parfois sous les couleurs du libéralisme entende taxer moins que des socialistes. Et pourtant, ce gouvernement est fier de faire, sur le plan de la fiscalité, la même chose que son prédécesseur : ni plus, ni moins d’impôts que les socialistes. La seule marque de libéralisme est donc de cesser d’augmenter le poids de la fiscalité, sans même penser à la réduire.

La même chose se remarque en France, où Emmanuel Macron, taxé de ” libéral ” par ses adversaires, se contente de maintenir le niveau de taxation, pourtant confiscatoire, auquel avait abouti la présidence de Hollande, qui avait succédé lui-même à un Nicolas Sarkozy dont on a pu dire, en exagérant à peine, qu’il avait créé ou majoré un impôt chaque mois.

Notre gouvernement fédéral, qui dirige depuis quatre ans l’un des pays les plus taxés au monde, n’a pas été capable de réduire le niveau de l’impôt des sociétés. Il n’en a réduit le taux qu’en augmentant la base, pour que cette réforme n’ait… aucun impact sur le budget. Lorsqu’aujourd’hui, les partis de la majorité abordent, avec beaucoup de discrétion, l’idée d’une réforme de l’impôt des personnes physiques, c’est toujours avec l’idée préconçue d’en maintenir le niveau global des recettes. Si certains paient un peu moins, d’autres devront payer plus. On espère au mieux un nouveau tax shift, jamais une vraie réduction globale du niveau de taxation.

Le réveil de l’extrême gauche marxiste, de l’extrême droite fasciste, et d’un populisme tout aussi étatiste, pousse à aggraver encore le poids de l’Etat sur les citoyens.

C’est encore la même chose qui se passe dans nos communes. La veille des élections, les édiles sortants se sont flattés, au mieux, d’avoir maintenu le niveau des impôts ou de ne pas les avoir trop augmentés. Et les partis promettaient de maintenir ce niveau ou n’annonçaient tout simplement rien sur le sujet, sans doute jugé sans intérêt. Pourtant, on ne peut vraiment pas dire que la Belgique soit un paradis fiscal. On ne le répétera jamais assez : elle est et demeure depuis des décennies, sans progrès notable, l’un des pires enfers fiscaux, oscillant, dans toutes les études internationales, entre la médaille d’or de la plus haute taxation par rapport au PIB et la troisième ou quatrième place dans le meilleur des cas.

On peut craindre que la professionnalisation de la vie politique ait une incidence sur le comportement d’élus habitués à des raisonnements tels celui de François Hollande: ” Ce n’est pas cher ; c’est l’Etat qui paie “. Sans doute aussi est-il plus passionnant, pour un homme public, de proposer de nouvelles politiques, impliquant évidemment un financement, que de gérer seulement les affaires publiques, voire d’en confier une partie à un secteur privé en général pourtant plus performant.

Et surtout, il manque une volonté politique de changer les choses, et de se démarquer enfin du modèle d’Etat qui s’approprie tout ou presque, qui contrôle tout, qui réglemente tout, et qui prétend protéger mais aussi régir la vie de chacun du berceau au cercueil. L’Etat providence est non seulement toujours là mais tous les partis, de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par les partis de gouvernement qui ne songent qu’à conquérir l’électeur médian, font preuve, dans ce domaine, d’un désolant conservatisme. Rien n’est fait contre l’obésité de l’Etat, des autres collectivités et du secteur public en général. On ne touche ni à son financement par l’impôt, ni à ses dépenses, ni à la fonction publique, ni à la masse des réglementations et des personnes chargées d’en assurer le respect.

La Belgique est sans doute l’un des pays qui suit le plus aveuglement le modèle du Big government, high taxes. Mais il faut reconnaître que tous les Etats de l’Union européenne sont incapables de quitter ce modèle. Au contraire, le réveil de l’extrême gauche marxiste, de l’extrême droite fasciste, et d’un populisme tout aussi étatiste, pousse à aggraver encore le poids de l’Etat sur les citoyens. C’est peut-être là la cause du début de décadence que connaît l’Europe, dont le poids économique diminue face à l’Amérique et au monde émergent.

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