La gestion active de la dette

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Les pouvoirs locaux n’ont bénéficié que tardivement de la baisse des taux amorcée dans le milieu des années 1990. Au fil du temps, ils ont toutefois développé, avec leurs partenaires financiers, des services de gestion active de la dette, ainsi que de leur trésorerie et de leur budget.

Par OLIVIER CROP, Head of Belfius Debt Management

Une telle gestion permet aux pouvoirs locaux d’anticiper et donc de mieux maîtriser, voire de stabiliser l’évolution de leurs charges de dette. Un élément crucial étant donné le cadre budgétaire et financier de plus en plus difficile qui s’impose à eux. Le terme “gestion active de dette” peut parfois faire peur aux décideurs publics. Or, la plupart en font sans le savoir. Nous sommes en effet bien loin de l’ingénierie financière ; les actes de gestion active ont toujours été nombreux au quotidien:

– lorsqu’un emprunteur demande un prêt et qu’il fait le choix entre un taux court terme, un taux révisable tous les trois ans ou un taux fixe, il pose un acte de gestion active de la dette ;

– lorsqu’un emprunteur arbitre une référence de taux au profit d’une autre, durant la vie d’un prêt, et qu’il fait le choix entre un taux court terme, un taux révisable tous les trois ans ou un taux fixe, il pose un acte de gestion active de la dette ;

– lorsqu’un emprunteur affecte un excédent de trésorerie au remboursement anticipé d’un solde d’emprunt(s), il pose un acte de gestion active de la dette.

Les emprunts révisables permettent, dans une allure normale (positive) de la courbe des taux, de bénéficier d’un taux de financement plus bas que le taux fixe et de profiter d’une baisse future éventuelle de la courbe des taux. A contrario, chaque date de révision expose le taux de financement à toute augmentation des taux.

Etant donné l’incertitude inhérente à la volatilité des évolutions de la courbe des taux, la flexibilité est le maître-mot afin de saisir toutes les opportunités de comprimer au maximum les charges d’emprunts et de diversifier l’exposition à une hausse des taux par un lissage du calendrier de révision.

La gestion active de la dette implique donc de poser des choix conscients entre plusieurs stratégies de gestion s’appuyant sur les éléments incontournables que sont :

– l’analyse de la situation macroéconomique et son influence sur la courbe des taux ;

– l’analyse de la composition du portefeuille de dette dans sa globalité ;

– l’analyse des attentes, besoins et comportements en matière de gestion des flux financiers.

Le recours aux solutions disponibles sera alors envisagé du point de vue de leur pertinence et de leur opportunité par rapport à la vision développée à partir de ces analyses. Egalement, cette vision doit s’inscrire sur le long terme et se nourrir de bilans réguliers, tenant compte du caractère évolutif des fondamentaux analysés.

Les solutions disponibles sont nombreuses mais il conviendra dans tous les cas que chaque institution subordonne toute décision aux analyses précitées en adaptant la réflexion à son environnement propre pour appréhender au mieux les enjeux qui découlent des choix à poser.

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