Hanan Challouki de Mvslim.com: ‘Je ne crois pas que le monde s’écroulera si je suis quelques heures offline’

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Nous avons interviewé Hanan Challouki (25 ans), cofondatrice de la plateforme en ligne Mvslim.com, sur la manière dont elle gère le style et le juste équilibre entre vie privée et vie professionnelle. “J’essaie consciemment de libérer du temps libre pour la famille et les amis. Certaines fois j’y parviens mieux que d’autres.”

Hanan Challouki (25 ans) a lancé le site d’informations Mvslim.com avec Taha Riani en 2015. Avec ce site web, elles désiraient casser cette image dégradée, propagée autour de la communauté musulmane. Avec succès: le projet attire désormais des millions de visiteurs par semaine. Hanan a un master en communication stratégique. A peine sortie des bancs de l’école, elle se trouve à la table de négociation avec des investisseurs en capital-risque, venus du monde entier et désireux d’acquérir Mvslim.com.

Dans une interview pour Knack Weekend, elle racontait que, conjointement avec une équipe de maintenant plus de 500 bénévoles, elle trouve important de mettre en avant des voix qui ne cherchent pas le mainstream. “Une petite vidéo sur un concepteur indonésien qui a réalisé des foulards pour la New York Fashion Week est devenue virale et a été vue des millions de fois. Vous savez alors qu’il y a une demande pour ce type d’histoires.”

Entre-temps, elle a fondé une autre société: Allyens. Grâce à cela, elle aspire, conjointement avec Taha, à mettre l’inclusion et les stratégies numériques à l’agenda des entrepreneurs.

Comment vous habillez-vous pour ce job ?

Hanan: ‘Dans le secteur créatif, il n’y a pas vraiment de règles concernant l’habillement et chacun gère cela de manière très libre. J’apprécie cette liberté et j’en fais moi-même usage en expérimentant des tenues. C’est tout de même beaucoup plus amusant de changer de temps en temps de look et de ne pas sortir tous les jours le même costume gris de l’armoire.”

Comment combinez-vous travail et vie privée ?

Je ne crois pas que le monde s’écroulera si je suis quelques heures offline.

“Je m’entends souvent dire que je me trouve dans une position enviée en tant qu’entrepreneur, parce que je n’ai ni partenaire ni enfant et que je peux donc penser qu’à moi-même. Je remarque cependant que ce n’est pas toujours aussi facile de trouver un équilibre. Je trouve mon travail tout simplement très amusant, la frontière entre travail et détente peut donc parfois s’estomper. J’essaie néanmoins sciemment de libérer du temps libre pour la famille et les amis. Certaines fois j’y parviens mieux que d’autres. La pratique crée l’art, non ?

Etes-vous parfois délibérément offline ?

“Je mets parfois intentionnellement toutes les technologies de côté. Nous vivons dans une société où nous sommes tous constamment reliés numériquement aux autres. Cela peut faire du bien de s’en déconnecter entièrement. Je ne crois pas que le monde s’écroulera si je suis quelques heures offline, j’en ai donc un ressenti relativement confortable.”

Quel est le luxe ultime pour vous ?

“J’ai le sentiment que je me trouve déjà dans une position de luxe ultime. Je peux faire chaque jour ce que j’aime et j’ai réussi à faire de ma passion mon métier. Je pense que c’est quelque chose dont beaucoup de gens rêvent encore aujourd’hui.”

Quel est le but le plus élevé auquel vous aspirez dans la vie ?

“Je suis une personne ambitieuse, ce qui me conduit à mettre mes limites toujours plus loin, tant dans ma vie personnelle que dans ma vie professionnelle. A l’avenir, je désire surtout continuer à me mettre moi-même au défi et à inspirer d’autres.”

Comment parvenez-vous à retirer de la satisfaction de votre travail ?

“Lorsque je regarde ma propre jeunesse ici en Belgique, je me reconnaissais à peine dans ce qui se passait autour de moi : publicité, communication et médias étaient très axés exclusivement sur des personnes qui ne me ressemblaient pas. Aujourd’hui, j’observe encore et toujours que beaucoup d’entreprises et d’organisations ont tendance à se distancer de la société et n’atteignent pas une grande partie de la population. Dans dix ans, ces sociétés seront tout simplement devenues sans importance.”

Je ne veux pas que les enfants qui grandissent aujourd’hui dans notre société aient à parcourir le même processus que moi.

‘Quand j’observe la manière dont, avec Allyens, nous pouvons inverser cette tendance pour nombre d’entreprises et de services, grâce à des stratégies et des campagnes inclusives et numériques, j’en retire énormément de satisfaction. Il est important pour moi que les enfants qui grandissent aujourd’hui n’aient pas à passer par le même processus que moi, qu’ils puissent regarder une vidéo en ligne et aussi s’y reconnaître vraiment.”

Quelle est la leçon de carrière ou de vie la plus précieuse pour vous ?

“Parfois, vous devez oser dire non. Cela semble couler de source, mais ce n’était pas le cas pour moi. Si j’ai le sentiment que je peux apporter une contribution, je réponds rapidement à la demande des autres. Le problème est que, après un moment, vous avez énormément de pain sur la planche. C’est un inconvénient pour les choses qui devraient être prioritaires.”

“Aujourd’hui, nous appliquons également cela chez Allyens. Si nous avons le sentiment qu’une société ne dispose pas de la bonne approche et qu’elle n’est pas ouverte au changement, nous disons non. Il est important d’être en parfaite adéquation et de se sentir bien avec les décisions que l’on prend et les clients avec lesquels on travaille. Cela induit une collaboration tout simplement beaucoup plus agréable.”

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