La mode belge et circulaire selon Made & More

Stéphanie Fellen et Maxime Heutz, le tandem à la tête du concept de mode circulaire Made & More © Stéphanie Fellen
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À l’heure où le prêt-à-porter se confond avec le prêt-à-jeter, nous mettons le cap sur l’économie circulaire à grand renfort d’un concept de mode durable, transparent et liégeois : Made & More.

La question des déchets n’est pas quelque chose qui vient a posteriori. Récupérer et valoriser les déchets, c’est un service public. Mais concevoir en amont afin qu’il n’y ait aucun gâchis est un service bien plus louable rendu à la société – Henri Ford, 1926

Nos modes de production et de consommation ont fortement intensifié l’exploitation des ressources ces cinquante dernières années. À titre d’exemple, on consomme l’équivalent en métaux de la Tour Eiffel toutes les trois minutes dans le monde. À terme, certaines ressources sont vouées à disparaître. Les experts prévoient ainsi l’épuisement de l’or à l’horizon 2030.

Le modèle économique linéaire – dominant à l’échelle planétaire – consiste à extraire des matières premières pour fabriquer un produit qui sera utilisé puis jeté (parfois, pour ne pas dire souvent, dans un laps de temps très court). Résultat : une hausse substantielle du volume des déchets. Selon les estimations, les océans contiendront plus de plastiques que de poissons d’ici 2050. Bien que nous fassions des efforts pour gérer nos déchets, notamment par le biais du tri et du recyclage, leur traitement – incinération ou enfouissement – est tantôt coûteux, tantôt polluant.

L'économie linéaire consiste à extraire-fabriquer-consommer-jeter.
L’économie linéaire consiste à extraire-fabriquer-consommer-jeter.© Selecteo

Face à cette déferlante est apparu le concept d’économie circulaire qui vise à concevoir, produire et utiliser un bien de manière optimale afin d’éviter tout gaspillage. On ne jette plus le produit utilisé. On le réemploie en le donnant ou en le vendant à un tiers. On peut le réparer aussi, en vue de le remettre en état. Ou le démonter pour réutiliser les matériaux qui le composent et en refabriquer un neuf. Le recyclage vient en dernier ressort, comme l’explique Logan Moray qui coordonne un dispositif de sensibilisation et d’accompagnement des PME en économie circulaire à l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation : “Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas. À l’encontre de l’obsolescence programmée, l’écoconception est une démarche préventive qui a pour objectif de réduire l’impact environnemental d’un bien dès sa conception. Ensuite, la réparation, le réemploi et/ou le reconditionnement du produit peuvent être mis en oeuvre tout au long de son cycle de vie. Le recyclage n’est pas la solution idéale car la valeur ajoutée du bien (sa forme et sa fonction) est détruite pour ne conserver que la valeur des matières premières.”

L'économie circulaire intègre l'ensemble du cycle de vie des produits, de leur écoconception à la gestion des déchets, en passant par leur consommation, tout en limitant le gaspillage.
L’économie circulaire intègre l’ensemble du cycle de vie des produits, de leur écoconception à la gestion des déchets, en passant par leur consommation, tout en limitant le gaspillage.© Wiithaa

Pour lever les obstacles et garantir la viabilité d’une économie circulaire, il n’y a ni recette miracle ni coupable idéal. Stéphanie Fellen, conseillère en économie circulaire et cofondatrice du concept de mode Made & More : “L’économie circulaire, c’est un état d’esprit que chacun – ministre, scientifique, entrepreneur et citoyen – doit adopter chaque matin, à la machine à café par exemple. Les PME représentent 99 % des entreprises belges et doivent donc être soutenues dans leur transition vers l’économie circulaire. La seule disparition des gobelets jetables sur le lieu de travail pourrait avoir un impact écologique et économique notable.” Même Starbucks s’y est mis, en offrant une réduction aux clients qui apportent leur propre mug réutilisable. Quant à la SPRL bruxelloise Enprobel (dont l’acronyme signifie “Un environnement propre pour notre Belgique”) lancée par Nahla El Mernissi et Imad Mouakkat, elle collecte auprès des professionnels les huiles et graisses usagées qu’elle fait transformer en biocarburant. Un service que les lauréats de greenlab.brussels entendent proposer aux particuliers dès la rentrée.

Le wiithaa, ou bowerbird en anglais, a tout compris. Cet oiseau polygame utilise les déchets qui l'entourent comme ressources pour fabriquer des nids colorés et charmer les femelles.
Le wiithaa, ou bowerbird en anglais, a tout compris. Cet oiseau polygame utilise les déchets qui l’entourent comme ressources pour fabriquer des nids colorés et charmer les femelles. © Wiithaa

Qui dit réemploi, dit emploi

Outre l’impact écologique, l’économie circulaire crée une valeur économique, partant sociale. Logan Moray : “Il s’agit d’optimiser l’usage des ressources matérielles (matières premières, machines) et immatérielles (connaissances). Une entreprise qui voit sa rentabilité s’améliorer grâce à une meilleure gestion des déchets a les moyens de préserver ses emplois existants, voire d’offrir de nouvelles opportunités, en particulier aux ouvriers peu qualifiés.” Le potentiel de l’économie circulaire se situe également dans l’industrie et la technologie. Saviez-vous que votre smartphone était une mine d’or ? Stéphanie Fellen : “Les petits malins qui parviendront à ouvrir et valoriser les anciens smartphones pour en récupérer les métaux précieux et réutilisables ont de belles perspectives d’emploi. Dans un autre registre, le cordonnier joue également un rôle dans l’économie circulaire.”

Le métier de cordonnier a de l’avenir – Stéphanie Fellen

De la théorie à la pratique : Made & More

La mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde après celle du pétrole. C’est aussi l’un des secteurs les plus opaques en termes de conditions de fabrication. Outre des conséquences néfastes sur l’environnement, la fast fashion génère un coût humain dévoilé au grand jour en avril 2013 avec les 1.138 morts et plus de 2.000 blessés causés par l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble de neuf étages abritant plusieurs ateliers de confection textile au Bangladesh.

Dans la mouvance slow fashion, Made & More est une initiative inspirante pour les femmes et les hommes modernes en quête de qualité et d’authenticité. Cet e-shop dédié à la mode durable et traçable – un code QR sur l’étiquette permet d’accéder à une vidéo de l’atelier de fabrication – propose une collection propre de vêtements et accessoires made in Europe dans le respect de l’humain et de la planète. Confectionnés dans des matières naturelles et/ou recyclées, les articles sont expédiés dans des pochettes consignées et réutilisables RePack. Cerise sur le gâteau : la garantie à vie. Dans une optique zéro déchet, le·a client·e a ainsi le choix entre renvoyer son produit à Made & More pour le faire réparer ou demander un kit de réparation. Aujourd’hui, Made & More compte des clients dans 18 pays (principalement en Belgique, en France et au Royaume-Uni) et n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin.

Légère et confortable, avec une goutte dans le dos et des poches discrètes, la petite robe Roselyne est disponible en rose, rouge coquelicot, bleu marine, marinière et lin bleu sur l'e-shop de Made & More.
Légère et confortable, avec une goutte dans le dos et des poches discrètes, la petite robe Roselyne est disponible en rose, rouge coquelicot, bleu marine, marinière et lin bleu sur l’e-shop de Made & More.© Stéphanie Fellen

Stéphanie Fellen et Maxime Heutz, le tandem à la tête de Made & More, débordent de projets au nombre desquels l’ouverture d’un premier point de vente physique, le lancement d’un vide-dressing d’articles Made & More (quand le tri des uns fait le bonheur des autres), ainsi qu’un outil de géolocalisation des cordonniers et autres réparateurs en Wallonie et à Bruxelles. Ils envisagent également des afterworks avec les bijoux remplis de sens et faits main à Bruxelles Tiroir de Lou et une collaboration avec le concept responsable Tale Me, qui propose un service de location de vêtements de grossesse et d’enfants. Aucun doute, Made & More est un concept cohérent dans l’air du temps !

Envie de passer à la mode circulaire, au propre comme au figuré ? Consultante certifiée Circulab (méthode de création de business modèles circulaires), Stéphanie Fellen accompagne les PME tous secteurs confondus dans leur démarche de développement durable : hello@stephaniefellen.com. Fan de mode, vous voulez consommer moins mais mieux au-delà des tendances éphémères ? Rendez-vous sur la boutique en ligne de Made & More : www.madeandmore.com/fr/.

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