‘Les millennials veulent de la flexibilité’, ce qui les pénalise dans leur recherche d’emploi

L’écart entre les employeurs et les jeunes talents ambitieux semble s’agrandir. Les millenials veulent de la flexibilité, les employeurs s’accrochent souvent à des valeurs plus traditionnelles. Deux jeunes témoignent des difficultés rencontrées lors de leur recherche d’emploi.

Claudia Mc Kenzie (25)

‘Pendant mon master en droit, je suis tombée enceinte de manière inattendue. J’ai donc rapidement commencé à travailler, pour vite constater que je désirais aller plus loin. Je faisais simplement l’administration du personnel dans un bureau, l’emploi n’avait donc rien à voir avec mes études ou mes intérêts. L’an dernier, j’ai recommencé à étudier.’

Claudia Mc Kenzie: 'Il est dangereux de continuer à toujours aborder une chose de la même manière. Car on arrive ainsi toujours au même résultat.
Claudia Mc Kenzie: ‘Il est dangereux de continuer à toujours aborder une chose de la même manière. Car on arrive ainsi toujours au même résultat.© Stijn De Wandeleer

Claudia Mc Kenzie (25) a déjà dû parcourir à plusieurs reprises l’ensemble du processus de recrutement. Elle travaille depuis ses seize ans et elle a enchaîné les jobs étudiants. ‘Je n’ai jamais trouvé cela difficile, mais à présent, je dois postuler pour un emploi que j’exercerai pendant les prochaines années et tout devient soudain beaucoup plus terrifiant. J’ai beaucoup plus de stress aujourd’hui concernant ce que je dois écrire, la manière dont je dois m’adresser aux organisations et la manière dont je dois transmettre mon message.’

Claudia est claire et précise quand elle parle: ‘Je crois que mon message, je peux le transmettre si vous me laissez parler. Dans une lettre de motivation ou sur un CV, je trouve cela beaucoup plus difficile. Vous devez faire un argumentaire de vente. Si vous pouvez dire précisément ce que votre employeur potentiel désire entendre, vous avez dans ce cas le droit d’aller à l’entretien. Là, vous devez à nouveau dire ce qu’ils désirent entendre et dans ce cas vous être engagé.’

Je peux communiquer mon message si l’on me laisse parler. Dans une lettre de motivation, je trouve cela beaucoup plus difficile. C’est un argumentaire de vente.

Le père de Claudia est venu en Belgique quand il avait treize ans. Il a fait des études d’ingénieur industriel et il était ainsi l’un des premiers hommes noirs avec un diplôme universitaire à rechercher du travail chez nous. ‘Lors d’un entretien d’embauche, il s’est un jour entendu dire “qu’ils n’avaient pas été informés que c’était un nègre”. Et ensuite, vous devez encore commencer l’entretien.’

Selon Claudia, ce sont des murs contre lesquels elle ne bute pas. A la maison, on lui a appris qu’elle devait être fière de la personne qu’elle est et qu’elle devait mettre cela en avant. ‘Je n’ai jamais essayé de cacher mes origines pendant un recrutement. Si les gens ont des questions à ce sujet, je réponds toujours poliment. S’ils demandent par exemple d’où je suis, je sais qu’ils ne parlent pas de Berchem.’

‘Mes priorités se trouvent toutefois ailleurs à présent. Avant, je pensais seulement à faire carrière. Je suis toujours ambitieuse et je veux un emploi avec beaucoup de responsabilités, mais je veux aussi pouvoir dire à 5h: je pars rejoindre mon fils et c’est tout. Ne m’appelez plus et ne m’envoyez plus rien, car le temps que j’ai avec lui, je désire le lui consacrer entièrement. J’ai peur que les employeurs ne soient pas ouverts à cela.’

Je ne veux pas de manière classique passer des heures au bureau juste parce que mon employeur dit que je dois rester jusqu’à huit heures. Cela peut être plus flexible. C’est du donnant-donnant.

‘Je ne trouverais pas grave de continuer à travailler encore deux ou trois heures aussitôt que mon fils est au lit. Je prends mes responsabilités pour veiller à ce que mon travail soit terminé, mais je ne veux pas le faire de la manière classique, où vous passez simplement des heures assise au bureau juste parce que cela doit se faire ainsi. Je ne veux pas mettre ma vie de famille de côté parce qu’un employeur dit que je dois rester jusqu’à huit heures.’

Trung Nhan Lu (20)

'Les millennials veulent de la flexibilité', ce qui les pénalise dans leur recherche d'emploi
© Stijn De Wandeleer

Nhan étudie encore, mais il veut dès à présent mettre sa carrière dans les starting-blocks. ‘Pour moi, il est surtout intéressant d’élargir mon réseau, pour l’instant. Je pense peut-être devenir entrepreneur un jour. Maintenant, je peux déjà explorer qui est bon en quoi. Pour les jeunes qui étudient encore, il est également intéressant de faire du networking de telle sorte qu’ils trouvent plus rapidement un emploi plus tard.’

Vous voulez avoir la possibilité de vous arrêter une fois trois heures et de continuer à travailler plus longtemps à un moment plus opportun

Nhan, tout comme Claudia, a toujours trouvé facilement des jobs étudiants. ‘Ils me tombaient toujours simplement dessus. Quand je m’attaque à quelque chose, cela se passe en général bien, mais je ne suis pas tellement concentré sur une seule compétence que j’ai développée à la perfection. Je peux par exemple très bien travailler avec Photoshop, mais je peux également bien écrire. Je sais comment utiliser une caméra, mais je suis aussi bon avec mes mains. En fait, je ne sais pas encore précisément ce que je veux faire plus tard.’

‘Je sais par exemple que ma capacité d’attention n’est pas tellement grande pour réaliser une même activité pendant longtemps. Comment dès lors obtenir un travail que vous aimez et grâce auquel vous gagnez aussi suffisamment ? La flexibilité y jouera également un rôle important. Vous voulez avoir la possibilité de par exemple arrêter parfois trois heures et continuer ensuite à travailler plus longtemps à un moment qui convient mieux.’

Les sociétés doivent davantage miser sur la collaboration au lieu de s’accrocher à tout prix à cette structure hiérarchique classique

Cette flexibilité ne concerne en outre pas seulement les horaires de travail, selon Nhan. La manière dont nous travaillons peut aussi encore s’améliorer. ‘Si vous savez que quelqu’un dans votre société connaît un shortcut pour arriver à un résultat, cette personne peut alors l’enseigner au reste de l’équipe. Cela peut être intéressant pour les entreprises de miser sur plus de collaborations plutôt que de s’accrocher à tout prix à cette structure hiérarchique classique.’

Claudia et Nhan font tous deux partie de The First 100, les cent premiers pionniers du projet WannaWork. L’organisation désire établir des ponts entre les employeurs et des jeunes talents ambitieux.

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