La vidéaste Caroline Poisson au Short Film Corner à Cannes : “C’est irréel, inattendu, totalement dingue”

© Jehanne Moll

Dans cette rubrique, nous interrogeons un·e entrepreneur·se sur sa manière de concilier style (de vie) et carrière. Cette semaine, nous plongeons dans l’univers artistique de la vidéaste Caroline Poisson, qui présentera son court métrage The Road of A Lamb en mai sur la Croisette.

C’est avec une joie intacte le jour de notre rencontre que Caroline Dehareng alias Caroline Poisson a appris il y a quelques semaines sa participation au Short Film Corner, qui se tiendra du 20 au 25 mai en marge du Festival de Cannes. Au programme : rencontres, ateliers et groupes de discussion autour de thématiques telles que la distribution, la coproduction ou encore la diffusion en festival. L’occasion rêvée pour la jeune trentenaire d’ancrer son projet artistique.

The Road of A Lamb est un documentaire de 26 minutes sur fond de country alternative. Touchant et esthétique, il raconte le rêve américain du groupe liégeois Everyone is Guilty, parti au Colorado enregistrer un album avec le musicien Slim Cessna. La vidéaste a suivi ces hommes tatoués à la sensibilité désarmante à travers des paysages majestueux jusque dans le studio de leur idole. Une aventure humaine dans la joie des bières partagées, mais surtout une retraite spirituelle dans le travail et la concentration.

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270Caroline Poisson480YouTubehttps://www.youtube.com/channel/UCyzHKIEuDvAPkhBAe41qwHQThe Road of A Lamb – Bande Annoncehttps://www.youtube.com/1.0360https://i.ytimg.com/vi/gLn7MRv9IcI/hqdefault.jpg

Comment conciliez-vous vie privée et vie professionnelle ?

CP : Ma vie privée et mon activité professionnelle se sont toujours entremêlées. Mais depuis peu, j’essaie de consacrer davantage de temps à mes proches et de prendre mieux soin de moi. Je me suis inscrite à des cours de charleston et, en fanatique des thermes, je découvre une nouvelle adresse tous les deux mois. Le week-end, s’il n’y a ni tournage ni concert, nous allons nous promener. Par ailleurs, j’ai la chance de partager l’amour de mon métier avec mon compagnon Mirco (le leader du groupe Everyone is Guilty, NDLR) qui est également issu du monde artistique. Notre passion commune nous permet d’échanger nos expériences au quotidien, sans que cela n’entache notre relation.

Avec la généralisation et la multiplication du numérique, tout le monde parle de se déconnecter. Parvenez-vous à vous offrir des moments hors ligne ?

CP : J’applique quelques règles pour me préserver. Tout d’abord, dans un souci de sécurité routière, j’ai supprimé Gmail et Facebook de mon téléphone car il m’arrivait de répondre à des messages tout en conduisant. Ensuite, je ne consulte ni mes e-mails ni les réseaux sociaux en soirée, à partir du moment où nous passons à table. Enfin, je déconnecte, au propre comme au figuré, le dimanche toute la journée. Dans ce même ordre d’idées, nous allons déménager à la campagne Mirco et moi pour échapper à l’effervescence qui règne au centre-ville liégeois.

Quel sommet professionnel souhaiteriez-vous atteindre ?

CP : Réaliser un long métrage. Un projet qui doit encore mûrir, mais je travaille depuis trois ans à l’écriture d’un scénario de fiction pour lequel je me documente énormément sur la filiation et les croyances, mes sujets de prédilection. Je souhaite le soumettre dans les prochains mois à des boîtes de production pour le réaliser en équipe. J’ai mis un terme à une collaboration pour dégager du temps en vue de faire de ce rêve une réalité.

Comment vous habillez-vous pour travailler ?

CP : J’ai la chance de ne pas devoir respecter de dress code. J’évite juste les talons aiguilles quand je suis en tournage. Mes tatouages ne posent aucun problème dans ma profession. Pour le reste, je privilégie la mode vintage, les imprimés et les couleurs, y compris sur les cheveux jusqu’il y a peu. Adepte des colorations multicolores pendant longtemps, j’y ai renoncé pour revenir au naturel.

Le plus grand luxe ? Avoir le sentiment d’être à sa place et de la mériter

Quel est le plus grand luxe à vos yeux ?

CP : Avoir le sentiment d’être à sa place et de la mériter. Ne pas avoir peur d’être “démasqué”. L’impression d’être un imposteur hante de nombreux artistes, qui ont la sensation d’usurper leur succès. Dans ce contexte, il est très difficile de se projeter et d’avancer.

Comment retirez-vous de la satisfaction de votre travail ?

CP : Je suis comblée quand le public comprend le sens de ma démarche et le message que j’ai voulu transmettre à travers l’objectif de ma caméra. Quand, après une projection, un spectateur me confie que mon film l’a touché ou qu’il lui a donné la chair de poule. D’autre part, quand ceux que je filme se sentent “beaux” au sens large parce que j’ai réussi à capturer les émotions qu’ils dégagent.

Quelle est la meilleure leçon que vous a enseignée votre carrière ?

CP : J’ai appris à me faire confiance et à suivre mon instinct. À tester, essayer, expérimenter. À oser agir sur des coups de tête. J’étais salariée à mi-temps et indépendante à titre complémentaire. J’ai quitté la sécurité d’emploi et je me suis lancée à titre principal en une heure de temps !

Un enseignement qui colle parfaitement à la phrase de l’artiste américain interviewé pour le film : “La vie, c’est maintenant. C’est rock’n’roll.”

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