‘Dès que vous êtes bien organisé, vous pouvez faire beaucoup en une journée’

© Liesbet Peremans

Encore étudiante, Ellen Kegels avait déjà le rêve fou d’aider un village au Pérou à subvenir à ses besoins grâce à la fair fashion (mode équitable). Avec son label de lainages LN Knits, elle y est parvenue. Nous avons posé quelques questions à la jeune entrepreneuse.

“En fait, à l’âge de quinze ans, j’avais déjà commencé LN Knits”, plaisante Ellen Kegels. “Vous pourriez appeler cela un hobby qui m’a échappé des mains. J’allais souvent faire du snowboard et je crochetais mes propres bonnets, ce qui, à l’époque, dans la sous-culture des snowboardeurs cool, était fréquent. De plus en plus de personnes m’ont demandé si je pouvais leur faire un bonnet sur mesure. Avant même que je m’en rende compte, je faisais des bonnets de septembre à avril, encore étudiante.”

Comment avez-vous ensuite fait de votre hobby un métier ?

“L’argent que je gagnais comme étudiante, je l’ai mis de côté afin de me constituer un capital de départ pour LN Knits. De cette manière, j’ai épargné 30.000 euros. Je viens d’une famille d’entrepreneurs, mais il y a dix ans, “je démarre une société de bonnets” rimait encore malgré tout avec “je démarre une affaire sans avenir”. Le démarrage d’une entreprise à soi n’était pas encore aussi encouragé que maintenant, je suis donc d’abord allée travailler à l’agence de publicité TBWA à Bruxelles et à Londres. J’y ai beaucoup appris et j’y ai jeté les bases de ce qui allait devenir LN Knits : des vêtements en laine, des super aliments, des livres de cuisine et de tricot, diverses collections…”

Avant que je ne m’en rende compte, je me suis mise à faire des bonnets de septembre à avril quand j’étais étudiante

Qu’est-ce qui relie ces différentes activités entre elles ?

“Je voulais construire une marque unique qui reposait sur quelques fondements importants. J’estimais ainsi important de travailler uniquement avec des matériaux naturels et tout ce que nous faisons doit bénéficier tant à l’être humain qu’à la société et l’environnement. Lepersonal branding et un focus sur l’entrepreneuriat jeune se trouvent également enracinés dans les valeurs de base de la société.”

Et ce rêve de ce village au Pérou ?

“C’est entre-temps devenu une réalité. 350 femmes péruviennes crochètent jour après jour pour confectionner notre collection, avec de la laine de bébés alpagas – ce sont des lamas des montagnes sud-américains. En collaboration avec Solid International, une asbl flamande qui stimule l’entrepreneuriat à Ayacucho et octroie des microcrédits, nous louons des alpagas à des fermiers locaux. Chaque année, une famille différente s’occupe des alpagas que nous avons achetés. Les femmes utilisent une partie de la laine pour en faire nos vêtements et elles gardent l’autre partie pour vendre elles-mêmes.”

Mais vous ne créez pas uniquement votre propre marque, vous êtes aussi cette marque vous-même.

“Je crois énormément aupersonal branding. Au début, c’était un choix délibéré de servir moi-même de modèle pour les créations. Car c’est gratuit et facile, mais aussi parce que cela fonctionne. Si les gens ont l’impression de vous connaître, un lien se crée et la confiance naît. Cela demande beaucoup de temps et d’énergie, mais je tiens avant tout à donner à chacun un service très personnel.”

Je n’ai pas envie de me réveiller à 45 ans après trois burn-out et constater que je suis passée à côté de la vie

D’où tirez-vous votre énergie et votre inspiration ?

“Je suis une personne très intuitive, à l’écoute de mes sens. Mes créations reflètent l’histoire de ma vie. Vous y lisez les voyages que j’ai faits, les couleurs que je vois, les odeurs que je respire. La nouvelle collection d’été est par exemple inspirée par le Portugal. Ma soeur aînée habite à Sagres et mon fiancé et moi y allons régulièrement pour surfer. Cette eau, ces couleurs, cette nature et ce calme se retrouvent dans mes créations.”

Où trouvez-vous le temps pour accomplir tout cela ? Vous devez être une vraie pro du time management.

“Dès que vous avez de la structure dans votre vie, vous accomplissez énormément de choses en une journée. C’est également indispensable. Il y a trois ans, je me suis trouvée devant un choix : arrêter ou aborder le tout différemment. Depuis lors, je cherche consciemment à éviter le stress. Pas que nous y allions doucement, mais nous sommes une société familiale. La pression des actionnaires extérieurs, nous ne la connaissons pas. Ici, seules des femmes travaillent, dont ma soeur Anneleen, et nous trouvons les valeurs familiales très importantes. Je ne veux pas me réveiller à 45 ans après trois burn-out et constater que je suis passée à côté de ma vie.”

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