Mathias Cormann, un Belge à la tête de l’Australie

Mathias Cormann (à gauche) © Xinhua

Cheveux gris et costume tiré à quatre épingles, rien ne distingue le ministre des Finances australien du reste de la classe politique à Canberra. Hormis peut-être un léger accent allemand, hérité de sa jeunesse à Eupen, en communauté germanophone. Portrait.

Le migrant belge, arrivé au cours de sa vingtaine en Australie, assure la gouvernance de son pays d’adoption de mercredi à lundi prochain, en l’absence du Premier ministre Malcom Turnbull en déplacement aux Etats-Unis.

Mathias Cormann est né un jour de septembre 1970 à Raeren, non loin d’Eupen dans la communauté germanophone belge. Deux décennies plus tard, le voilà diplômé d’une candidature en droit à l’Université de Namur et d’une licence en droit à l’Université de Louvain, faisant de lui un parfait trilingue. Il se familiarise aussi avec la langue de Shakespeare à cette époque, lors d’un échange universitaire.

Le jeune homme gravite ensuite un temps dans les milieux politiques belges, se frottant notamment au député européen Mathieu Grosch (CSP) et à l’entourage de Joëlle Milquet (PSC à l’époque), qui sera présidente du cdH et ministre fédérale par la suite.

C’est lors d’un voyage en 1994 qu’il découvre la ville minière de Perth dans le sud-ouest de l’Australie, poussé par une première romance qui ne durera pas. Mais son coup de foudre pour l’île-continent à des dizaines de milliers de kilomètres de sa Belgique natale, l’incite à s’installer définitivement en 1996 en Australie-Occidentale, le plus vaste Etat du pays.

Mathias Cormann débute alors au bas de l’échelle, assurant des travaux de jardinerie notamment, en attendant la reconnaissance de ses diplômes. Rapidement toutefois, le virus politique le rattrape: il rejoint le parti libéral et travaille dans des cabinets ministériels au niveau régional de 1997 à 2001.

Le 26 janvier 2000, jour de fête nationale, il obtient la citoyenneté australienne, et se voit contraint de renoncer à son passeport belge.

Au tournant du siècle, il conseille le ministre fédéral de la Justice. Les années qui suivent, M. Cormann assure la vice-présidence du parti libéral de l’Etat (2003-2008), tout en occupant des fonctions de direction dans le groupe d’assurance HBF Health Insurance en 2003-2004 et 2006-2007.

L’aventure politique au niveau fédéral s’accélère ensuite pour M. Cormann avec sa candidature aux élections en 2007. Suite à des démissions d’élus controversés, il obtient un poste de sénateur et sera à nouveau élu en 2010 et 2016 dans l’Etat d’Australie-Occidentale, d’une population de 2,5 millions de personnes. Il occupe ensuite diverses fonctions politiques relatives à la santé, l’emploi, le budget entre autres au Sénat. C’est en 2013 qu’il décroche son premier mandat de ministre des Finances, soit chargé du budget australien, dans le gouvernement du conservateur Tony Abott. En 2016, le gouvernement de celui-ci tombe, sous la pression de Malcom Turnbull, qui remporte le scrutin et reconduit largement l’équipe ministérielle sortante. Mathias Cormann conserve donc son poste de ministre des Finances pour un nouveau mandat. Fin 2017, il accède aussi au titre de vice-président du conseil exécutif.

Divers rebondissements sur la scène politique australienne début 2018, liés au scandale de liaison extra-conjugale du Premier ministre adjoint Barnaby Joyce, ont propulsé le migrant belge à la tête de son pays d’adoption six jours durant, lors du déplacement du Premier ministre Malcom Turnbull aux USA, du 21 au 26 février.

Marié, Mathias Cormann vit toujours à Perth, capitale de l’Australie-Occidentale, et dispose aussi d’une licence de pilote d’avion depuis 15 ans. Son parcours est à l’image du pays, dont l’histoire récente est forgée par des destins d’immigrés: “Je suis l’un d’entre eux. Le succès de l’Australie est largement basé sur des générations de migrants, faisant de l’Australie leur pays et contribuant à faire de l’Australie un grand pays”, a-t-il déclaré à la presse.

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