Les victimes de la hausse de l’euro

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Alors qu’il était encore question de retour à la parité avec le dollar il y a quelques mois, l’euro s’envole désormais vers de nouveaux plus hauts depuis début 2015. Ce bond de plus de 10% en 7 mois de la monnaie unique n’est pas sans conséquences pour de nombreuses sociétés.

Alors que la Banque centrale européenne s’apprête à réduire ses soutiens à une économie en phase de reprise, les membres de la Réserve fédérale américaine (Fed) se montrent hésitants à l’heure de réellement normaliser la politique monétaire aux États-Unis. L’écart de taux entre les États-Unis et la zone euro est ainsi en train de s’amenuiser, étant passé de 2,15% mi-mars à 1,73% désormais si l’on se base sur les taux de référence à 10 ans. Sur le marché des changes, la monnaie unique profite à nouveau de ses atouts structurels, à commencer par un important excédent commercial (exportations > importations). Une tendance qui pourrait se poursuivre alors que l’économie américaine semble piétiner et que les investisseurs s’interrogent sur la succession de Janet Yellen, dont le premier mandat à la présidence arrive à échéance début 2018. Il est donc à nouveau crucial de s’intéresser à l’exposition au dollar des sociétés cotées.

Secteur pharmaceutique

Les États-Unis sont de loin le premier marché pharmaceutique mondial avec plus d’un tiers des ventes mondiales. Des groupes comme Novartis, Sanofi ou UCB y réalisent ainsi respectivement 35%, 37% et 48% de leur chiffre d’affaires. Cette dépendance s’explique notamment par les prix élevés des médicaments aux États-Unis, prix qui sont toutefois sur la sellette tant du côté républicain que démocrate. Bien qu’il s’agisse essentiellement d’un effet de conversion des profits, les revenus et charges étant réalisés en dollars, l’impact peut être sensible sur les multiples de valorisation.

Secteur des matières premières

La baisse du dollar est potentiellement encore plus problématique pour les producteurs de minerai de fer, pétrole ou blé qui réalisent systématiquement leur chiffre d’affaires en dollars. Leurs coûts sont par contre libellés en de multiples devises allant de l’euro à des monnaies plus exotiques. La question des taux de change se pose ainsi en fonction du profil de chaque société. Sur Euronext Bruxelles, Nyrstar est ainsi tout particulièrement sensible à la hausse de l’euro/dollar dont une appréciation de 10% lui coûte 83 millions en année pleine, soit l’équivalent de 43% de ses profits 2016. La vigueur du dollar australien compte également pour le fondeur de zinc, tout comme pour les producteurs de minerai de fer BHP Billiton et Rio Tinto qui s’inquiètent également du bond de 10% de l’aussie par rapport au billet vert ces 7 derniers mois.

AholdDelhaize

Avec 62% de son chiffre d’affaires réalisé aux États-Unis, AholdDelhaize est par essence dépendant aux aléas de l’euro-dollar. L’effet de conversion des profits réalisés en dollars a en effet un important impact sur la valorisation en raison de la cotation en euros.

Daimler

Le groupe allemand réalise un quart de ses ventes aux États-Unis. Le groupe a augmenté ses capacités de production outre-Atlantique mais continue d’y importer un grand nombre de véhicules (à assembler), ce qui l’expose évidemment aux taux de change dans le cas de pièces produites en Europe.

Fiat Chrysler

Depuis la prise de contrôle totale de Chrysler, le groupe automobile italien réalise la majorité de ses ventes et de ses bénéfices aux États-Unis.

AB InBev

Même après la reprise de SAB Miller, les États-Unis demeurent le premier débouché du géant mondial de la bière. La zone Amérique du Nord représentait ainsi plus d’un quart du chiffre d’affaires et des profits au premier trimestre. AB InBev a toutefois développé une couverture naturelle (coûts, dettes) assez forte et publie également ses chiffres en dollars. L’impact du taux de change se fait donc ressentir sur la valorisation du titre.

Agfa-Gevaert

Le groupe d’imagerie réalise une part importante de ses ventes en dollars (et devises liées) mais profite également d’une couverture naturelle au travers notamment de ses achats de matières premières comme l’argent.

Tessenderlo

Tesenderlo est également très exposé aux États-Unis qui représentent 36% de ses revenus et une part sans doute encore plus importante de ses profits en raison de la rentabilité supérieure de Tessenderlo Kerley. Une hausse de 10% de la parité euro/dollar lui coûte ainsi la bagatelle de 48,6 millions de profits en année pleine, soit près d’un quart de son excédent brut d’exploitation 2016.

Melexis

Le dollar est la principale devise du spécialiste des semi-conducteurs pour le secteur automobile avec 60% de ses ventes et 55% de ses coûts. Au total, Melexis estime qu’une hausse de 0,05 du taux de change euro-dollar lui coûte 3,6 millions en année pleine, soit l’équivalent de 3,2% de ses profits (avant impôts) de l’année dernière.

Barco

Le groupe réalise une importante de partie de ses ventes en dollars (et devises arrimées). Une hausse de 10% du taux de change EUR/USD, comme ces 7 derniers mois, provoque un manque à gagner de 18,5 millions en année pleine, soit la moitié de son profit opérationnel

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